La révolution anthropologique du néolithique selon Marcel Otte

La révolution anthropologique du néolithique selon Marcel Otte

chevaux de la grotte de Lascaux

Avant la révolution anthropologique: l’humain en harmonie avec la nature: Chevaux de Lascaux.

salle de phallus érigés de Kalahan Tepe

Après la révolution anthropologique: l’humain domine la nature: phallus érigés du site de Karahan Tepe.

Pour le paléoanthropologue Marcel Otte, le passage du paléolithique au néolithique a constitué une révolution anthropologique.

Cet article est constitué à partir de l’émission L’entretien archéologique sur France Culture et concerne les religions de la préhistoire.

Apparition des dieux au néolithique.

Marcel Otte s’est particulièrement intéressé au lien entre art et pensée dans l’évolution humaine. Pour lui, la pensée est un facteur évolutif et l’anatomie et l’environnement s’adapte à l’évolution de cette pensée. Il distingue ici, la religion de la métaphysique et de la mythologie par la présence d’un dieu. Un dieu, ce sont des forces naturelles qui ont l’image de l’homme, qui agissent comme les hommes. Cela apparait uniquement au néolithique lorsque l’homme s’est aventuré à contrôler les forces de la nature, les autres formes de vie, animales ou végétales. Il a donné à ce dieu, cette forme car il avait l’intention ou l’ambition de dominer ces forces. Il a considéré que ce qui régissait ces forces, sans lui, avait l’image de l’homme également.

La mythologie depuis les origines.

Toutes les populations du monde vivent, depuis les origines et partout sur la terre avec un système de valeurs qui justifie leur propre mode de vie . Ce système est une métaphysique qui est régi par un système mythologique. La mythologie est une manière d’expliquer pourquoi l’homme est là et pourquoi il fonctionne de telle manière. C’est une façon de justifier le système de valeurs tel qu’il est utilisé dans telle société. La mythologie, par opposition à la religion est totalement universelle et explique ce qui se passe. Les activités sociales et les pensées sont le miroir dans lequel se reflète la manière dont la mythologie fonctionne: ils se justifient mutuellement. Il n’existe pas, dans la conscience humaine, quelque chose qui serait fait de manière aléatoire. Nous travaillons toujours par rapport à un système de valeurs qui nous dépassent, dans lesquelles se situent des Vérités, des choses qui entrent dans le domaine du sacré qui sont vraies et qui sont intangibles.

Un système de valeurs régit notre comportement.

Notre comportement se fait toujours par rapport à cette référence, à ces systèmes de valeurs qui nous sont supérieurs et que nous plaçons dans le domaine du sacré. Ce système à une valeur coercitive pour assurer sa préservation et une valeur éthique. De l’extérieur, il est visible que ce système fonctionne toujours de la même manière et que ça n’est qu’un système de valeurs et qu’il y a une structure toujours à peu près semblable. Nous sommes nous mêmes dans un système de valeurs qui nous auto-détermine sans que nous nous en rendions compte puisque nous sommes dedans. Cela peut nous amener à considérer les auto-déterminations dont nous sommes victimes aujourd’hui.

De l’harmonie à la domination de la nature

Les sociétés de production ont l’audace de défier la nature, comme dans les religions chrétiennes et juive, qui mettent en avant la volonté humaine, par opposition au mouvement naturel des choses. Aux yeux de Marcel Otte, ces tentatives sont fatales à court terme. Certaines sociétés, en harmonie avec la nature, peuvent subsister en parallèle. Il y a, à la fois , un mouvement éthique, voilà comment les choses doivent fonctionner, et un mouvement audacieux qui remet en cause cet équilibre là. Ce mouvement est peut-être dangereux mais propre à l’évolution de la pensée qui évolue comme l’univers ou comme la vie évoluent. La pensée se transforme de telle sorte que sur le plan moral, quelque soit les valeurs des écologistes aujourd’hui, on ne peut pas faire abstraction de l’histoire de la pensée, de toute son aventure, des origines, jusqu’à aujourd’hui, elle aboutit à notre situation actuelle. On peut éventuellement la modifier mais nous ne pouvons faire abstraction de la situation spirituelle dans laquelle nous sommes arrivés aujourd’hui.

Une volonté d’emprise: une tendance peut-être fatale

Au néolithique, on donne aux forces naturelles sa propre image, c’est le début de la fin. Cela commence à Gobekli Tepe en Turquie et cela s’étend ensuite. Ce processus s’étend en même temps que l’homme devient sédentaire et agriculteur, cette tendance est peut-être fatale, peut-être perverse. Il y a une tentative d’emprise sur l’espace et le temps à travers la délimitation d’un temple . Cette emprise se manifeste aussi à travers des images , entre autres, de félidés, animaux qui ne seront jamais domestiqués et qui échappent à cette domestication qui est déjà en cours. Ce lieu sacré , ces temples ont été comblés intentionnellement pour anéantir la force du temple.

La pensée métaphysique précède les modifications économiques et techniques

Pour Marcel Otte, la pensée métaphysique, révolutionnaire, sans doute, précède toute forme de modifications économiques ou techniques. Tout ce que les archéologues observent en amont, ne sont que les conséquences, en aval des modifications dans la pensée. Il y a d’abord une intention de capter les forces naturelles, par exemple par la sédentarisation qui exige une modification économique radicale et provoque une augmentation démographique en cascade et incontrôlable. A partir du moment ou l’on a défié, uniquement par une révolution métaphysique alors il y a une série de modifications en aval qui apparaissent après sur le plan archéologique, comme le polissage de la pierre.

Charles Darwin pour expliquer la révolution anthropologique du néolithique

Note personnelle: La découverte du lien de paternité et la réactivation de la sélection et de la compétition sexuelle, donc de la volonté de puissance et de contrôle attaché à cette compétition peut expliquer cette révolution métaphysique. Les psychologues Pierre Cousineau et Sylvie Coté affirment que, si nous ne pouvons pas changer le passé, nous pouvons changer la manière dont nous l’avons compris et cela peut entraîner une autre manière de nous percevoir et de nous comporter. Cette tendance, selon l’expression de Marcel Otte, n’est fatale ou perverse, que parce que nous n’avons pas encore saisi ce qui nous était arrivé et le système de valeurs dont notre espèce, et beaucoup d’autres, sont les victimes, du fait de cette incompréhension. Cette connaissance peut nous amener à abandonner notre hypertélie pour nous préserver.

Le péché originel: expulsion du jardin d’Eden.

Le péché originel: expulsion du jardin d’Eden.

Adam et Eve chassés du jardin d’éden et empêchés d’y revenir par les chérubins.

Discours bibliques sur les origines. L’origine de la violence par Thomas Römer.

Adam et Eve ont mangé le fruit défendu . Cette transgression de l’interdit divin déclenche leur expulsion du jardin d’Éden.

Thomas Römer raconte que Yahvé, -Dieu- avait dit à l’être humain, qui n’était pas encore différencié homme et femme: de tout arbre du jardin tu mangeras, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas car, le jour ou tu en mangeras, tu mourras certainement.

Dieu dit, vraiment, vous ne mangerez pas de tout arbres du jardin. Cela provoque une réponse de la femme: des fruits des arbres du jardin nous pouvons manger, quand aux fruits de l’arbre au milieu du jardin, Dieu a dit, vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas pour que vous ne mourriez point. Le serpent dit alors à la femme : non, vous ne mourrez certainement pas. Dieu sait que le jour ou vous en mangerez, vos yeux vont s’ouvrir et vous serez comme des éloïnes, connaissant du bien et du mal. Le serpent dit donc que vous deviendrez comme des Dieux.

Cet arbre, dans la tête de la femme, va donc donner l’intelligence, la compréhension, la réussite. Elle va prendre du fruit de cet arbre.

Après le péché originel:

Ils vont connaître qu’ils sont nus. Pour Thomas Römer, il s’agit d’un euphémisme pour le rapport sexuel. Ils se rendent compte de leur différence sexuelle ce qui fait naître un sentiment de pudeur ou de honte, d’où la nécessité de se vêtir. Ils entendent le bruit de Dieu qui se promène dans le jardin et ils se cachent à cause de leur nudité.

Adam accuse la femme, la femme accuse le serpent. Adam : « La femme que tu m’as donné, c’est elle qui m’a donné le fruit. C’est de ta faute parce que tu m’as donné cette femme.» La femme a renvoyé la faute au serpent mais le serpent n’est pas interrogé par Dieu.

Pour Thomas Römer, le serpent est l’agent provocateur de Dieu, le couple ne peut pas rester dans le jardin, il faut que la transgression ait lieu pour que les humains deviennent vraiment humain, La transgression fait partie de la condition humaine, la transgression est fondatrice, nécessaire. Les sanctions vont toucher, d’abord le serpent, la femme puis l’homme. 

Les sanctions:

Le serpent sera maudit et devra ramper, sans ses pattes. Le femme accouchera difficilement, dans la douleur et « Vers ton homme seront tes désirs et lui, il te dominera ». C’est la transgression qui amène cette sanction.

La sanction pour Adam : « Tu mangeras de la nourriture à la sueur de ton front jusqu’à ce que tu retournes à la terre car c’est d’elle que tu as été pris ». Il y a transformation de la sanction initiale qui prévoyait la mort immédiate après avoir avaler le fruit défendu . C’est ici, la mort à la fin d’une vie qui est considéré comme une sanction. C’est à ce moment, en quittant le jardin, que l’homme nomme sa femme, Eve, qui est la mère de toute vie.

L‘homme a compris que, après la mort, grâce à la différentiation des sexes,vient la suite de la descendance, la généalogie. Leur premier rapport sexuel a lieu hors du jardin et c’est là que la première génération va naître. L’accès au jardin et à l’arbre de vie est désormais interdit. Ish et Isha, qui ne sont pas encore Adam et Eve, essayent de revenir en arrière, ils essayent même de se déguiser en arbre avec les feuilles du figuier, comme une sorte de retour à la situation précédente, mais il est impossible de revenir en arrière car l’accès est gardé par des chérubins, armés d’épées de feu. Il faut retourner sur terre où il faudra travailler, avoir des enfants, lutter, dominer ou être dominé.

La transgression n’est pas une faute mais une manière de devenir vraiment humain

Pour Thomas Römer, il ne s’agit pas d’un péché originel, mais de l’idée que pour que les générations se mettent en place, il faut quitter le jardin. Il s’agit d’une réflexion sur le libre arbitre. Il y a l’interdit et l’être humain à la possibilité de ne pas respecter cet interdit. La conséquence est qu’il doit apprendre à gérer les conséquences de cette transgression, ainsi que le degré d’autonomie et de liberté qu’il a acquis.

Le texte qui suit évoque la violence et la difficulté de vivre ensemble, c’est histoire de Abel et Caïn.

La transgression a provoqué la violence entre les humains:

Le texte concernant le déluge, qui vient après le texte évoquant Abel et Caïn, dit que la terre s’était corrompue devant Dieu et s’était remplie de violence. Dieu dit à Noé, à cause des hommes, la terre est remplie de violence et je vais les détruire avec la Terre.

L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

Eve enfanta Caïn avec Yahvé et continua a enfanter Abel qui devint berger de petit bétail et Caïn travaillait le sol. Caïn apporta des fruits du sol à Yahvé, quand à Abel, il avait apporté des premiers nés de son petit bétail. Yahvé porta son regard sur Abel et sur son offrande mais pas sur Caïn et Caïn fut très irrité, son visage se contracta. Lorsqu’ils furent aux champs, Caïn tua son frère.

Yahvé lui demanda qu’a tu fais, maintenant tu es maudit, tu travailleras le sol mais il ne contribuera pas à te donner sa force, tu seras errant et vagabond. Caïn lui dit que sa faute était trop lourde à porter et que dès qu’on le verrait, on le tuerait.Yahvé lui répondit quiconque te tueras, tu seras vengé 7 fois.et Yahvé mis sur Caïn un signe afin que personne ne le tue. Caïn connu sa femme qui enfanta.

 

Découverte du lien de paternité et activation de la sélection sexuelle Darwinienne:

Si nous relions ce texte à la découverte du lien de paternité et à ses conséquences logiques, nous donnons  une nouvelle actualité et une autre interprétation possible au texte biblique. La sélection sexuelle, qui déclenche une  compétition intra et intersexuelle, entraîne une profonde modification de la manière de voir le monde et de vivre avec ses contemporains. Le besoin de domination des autres hommes et des femmes produit un enchainement de conséquences: emprise sur la nature, objectif de procréation et accaparement des femmes (effondrement de la biodiversité du chromosome Y), surveillance des autres hommes et des femmes, mise en place de signes ostentatoires de puissance et d’une nouvelle cosmogonie, besoin de surplus pour construire des hiérarchies et multiplier la progéniture, inventions techniques pour préserver la domination, agriculture pour améliorer la surveillance, asservir les autres et répondre aux besoins d’une progéniture augmentée…

Comprendre le péché originel pour changer:

 Cette explication permet également de donner un contenu plus compréhensible au péché originel et un sens à la transgression. Le fait du regret d’Adam et Eve et de leur tentative d’une retour en arrière signe la volonté d’une réapparition des anciennes relations harmonieuses. Il y a eu, depuis,  de nombreuses tentatives d’un rééquilibrage des relations, mais toujours déstabilisées par l’incessant retour de notre hypertélie,  car nous ne comprenons ni son origine, ni son processus d’apparition. Le fait d’en comprendre le mécanisme doit nous permettre de quitter cette boucle redoutable. Nous ne parviendrons, évidemment pas, à reconstruire l’harmonie des relations passées, mais nous pouvons tout de même améliorer grandement la qualité de ces relations  et nous protéger efficacement du réchauffement climatique.

Cryosphère: la bombe humaine

Cryosphère: la bombe humaine

Fonte du Pergélisol : le dégel qui nous glace.

La cryosphère:

La cryosphère désigne toutes les portions de la surface terrestre où l’eau est présente à l’état solide, incluant la neige, les glaciers, la glace de mer, et le permafrost. L’état de la cryosphère est un déterminant majeur du climat. Nos émissions de gaz à effet de serre constituent une bombe humaine à retardement. Le problème est que faute d’études suffisantes, nous ne connaissons pas la longueur de la mèche!

 

Cet article est constitué d’extraits de l’émission : CQFD sur France Culture

 

Entretien de Florent Dominé, directeur de recherche au CNRS et Laurent Orgogozo maître de conférence au laboratoire Géoscience Environnement Toulouse.

 

Une partie de la Cryosphère: le pergélisol.

Le pergélisol recouvre 15 millions de kilomètres carrés, c’est à dire une surface supérieure à la Russie. Il s’agit d’un sol gelé en permanence et en profondeur. Des débris végétaux se sont accumulés pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d’années, sans que les bactéries ne les décomposent du fait du gel d’hiver. Ces composés organiques, sont des précurseurs de gaz à effet de serre et, s’ils sont réactivés par la chaleur et que les bactéries les décomposent, ils peuvent devenir des émetteurs très importants de gaz à effet de serre. Les scientifiques estiment que la quantité de CO2 piégé dans le permafrost équivaut à 4 fois celle que les activités humaines ont émises depuis le milieu de dix-neuvième siècle. Si le pergélisol dégèle et libère sa matière organique en condition aéré, il libérera de dioxyde de carbone, si la matière organique est libérée en milieu anoxique, c’est à dire sous l’eau, elle libérera du méthane, qui est 23 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone. D’ici à 2100, suivant les différents scénarios du GIEC, le permafrost devrait perdre de 40 à 90% de sa surface.

Disparition de la cryosphère ?

Pour Florent Dominé, ces scénarios, issus de modélisation informatique, ne prennent pas en compte de nombreuses rétroactions qu’il observe, en tant que géophysicien, sur le terrain et ces phénomènes accéléreront encore le réchauffement . Le rapport du GIEC de 2019 évoquait une grande incertitude concernant la cryosphère mais il mentionne, dans son scénario pessimiste, une disparition totale du permafrost en 2080. Si toute la matière organique du pergélisol était transformée en CO2, l’augmentation de ce CO2 dans l’atmosphère serait multiplié par 2,5 et le réchauffement serait de l’ordre de 10 degrés. La boucle de rétroaction est un sujet en cours d’étude car elle risque de devenir un point de bascule pour le climat.Tout les vents, les courants océaniques seront perturbés, nous serons sur une planète qui sera, au niveau biologique et au niveau géophysique, totalement différente et le comment les humains pourraient s’adapter à une telle éventualité est un gros sujet d’inquiétude. Selon une récente étude, parue dans la revue Nature Climat Change, le point de non retour, concernant la fonte du permafrost est imminent et pourrait être atteint beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait. Le point de bascule va dépendre de beaucoup de variables en cours d’étude actuellement.

Risque sanitaire:

Il existe aussi un risque sanitaire concernant les virus et les bactéries qui pourraient se retrouver à l’air libre, du fait du dégel. Concernant les bactéries, elles devraient être sensibles aux antibiotiques car elles ne les auront jamais vues. Par contre, concernant les virus, c’est l’incertitude et des recherches portent également sur le sujet.

Réduire nos émissions :

Pour préserver la cryosphère et éviter l’explosion de cette bombe humaine, les chercheurs n’ont qu’une seule solution pour retarder le dégel du pergélisol : réduire nos émissions de gaz à effets de serre.

Le service Copernicus et les autres centres d’observation de la température mondiale viennent de le confirmer. 2024 est bien l’année la plus chaude jamais enregistrée. Ce qui n’était qu’anticipation est devenu réalité : la hausse de la température mondiale relativement à l’ère préindustrielle a légèrement excédé 1,5 °C en 2024.

Un des facteurs essentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sont la réduction des inégalités sociales sur la planète. Le rapport scientifique qu’ils citent nous explique que les 1% les plus riches de la planète, émettent une proportion incroyable de gaz à effet de serre, de l’ordre de 25% . Le manque de taxation de ces grosses fortunes est responsable, pour une grosse partie, des émissions de gaz à effets de serre.

Aller chercher les moyens pour désamorcer la bombe:

1,5% pour 1,5 degrés: si on taxait à hauteur de 1,5% le patrimoine des 1,5% des millionnaires qui gagnent plus de 100 millions de dollars par an, cela fournirait 300 milliards de dollars, ce qui correspond aux besoins pour limiter les impacts du changement climatique. Malheureusement,lorsque l’on écoute les dirigeants actuels de la planète,cette solution n’est absolument pas dans l’air du temps.

Il n’est pas trop tard mais nous sommes dans une dynamique ou il ne se passe pas grand chose, les émissions continuent à augmenter : il faut changer le logiciel, arrêter cette croissance, ces écarts de ressources financières, avec le logiciel actuel, nous n’y arriverons pas. Il faut se préparer aussi au réchauffement inéluctable pour en limiter les dégâts.

Dimorphisme sexuel diminué: espèce sauvée.

Dimorphisme sexuel diminué: espèce sauvée.

Accouplement de sauterelles sur une feuille.

Dimorphisme sexuel:

Ce dimorphisme sexuel, c’est à dire une différence morphologique importante entre mâles et femelles, est le signe d’une compétition sexuelle élevée. Cette compétition sexuelle importante débouche sur des organes et des comportements hypertéliques, c’est à dire, démesurés par rapport à leur fonction initiale. La diminution de ce dimorphisme sexuel, lorsque les mâles se retrouvent en danger, permet ici de sauver l’espèce.

 

Sexualité des insectes.

Les insectes  sont estimés à 10 milliards de milliards sur notre planète et ils ont tous une vie sexuelle, parfois foisonnante…Pour le naturaliste, Marc Giraud, l’homosexualité a, par exemple été découverte sur des coléoptères, les mâles copulant entre eux. A cet époque, pour les chercheurs, il s’agissait de comportements aberrants. Ils ont donc pensé qu’il s’agissait d’un manque de femelles. Ils en ont  rajouté mais, têtus, les mâles ont poursuivi leurs accouplements, jugés déviants. Depuis, les découvertes de mœurs homosexuelles  se sont multipliées chez de nombreuses autres espèces animales et la bisexualité semble être le mode d’accouplement le plus naturel chez les animaux.

 

La sexualité des sauterelles:

Les stridulations de certaines grosses sauterelles atteignent les 105 décibels et sont un signal d’invitation des mâles pour l’accouplement. Durant cet accouplement, le mâle transfère le contenu de son spermatophore dans l’appareil reproducteur des femelles en échange, souvent, d’un cadeau nuptial qui consiste en un autre insecte, ou en son propre sang. Ces calories seront précieuses pour assurer la survie de la femelle durant la ponte des œufs.

 

La reproduction des grillons champêtres du Pacifique.

Sur certaines îles d’Hawaï, les grillons champêtres du Pacifique,Teleogryllus oceanicus , de son petit nom scientifique, les mâles stridulent pour attirer les femelles et impressionner les autres mâles. Sur d’autres îles voisines, ils ne stridulent plus. Marlène Zuk, professeure en écologie de l’évolution et en écologie comportementale à l’Université du Minnesota a constaté qu’une mouche parasitoïde le repérait, dans ces îles là, du fait de cette stridulation, et pondait ses larves sur son dos. Ces larves pénétraient alors dans son corps et dévoraient ses organes vitaux.

Diminution du dimorphisme sexuel: les mâles se féminisent, l’espèce est sauvée.

La chercheuse a constaté que les ailes des mâles se sont, depuis, modifiées. Elles sont devenues plates, comme celles des femelles et n’émettent plus de son, c’est à dire de signal d’accouplement. En 5 années, à raisons de 3 à 4 générations par an, ces animaux auraient muté pour assurer la survie de l’espèce. Leurs appareils stridulatoires, composés d’ailes aux structures en reliefs, se sont modifiés et son devenues plates,comme celles des femelles. Le dimorphisme sexuel , à savoir la différence entre mâles et femelles , liés à la compétition sexuelle, s’est amoindri, assurant ainsi la survie de l’espèce.

 

Deux hypothèses :

 

La formule épigénétique

Deux hypothèses , au moins, sont possibles pour expliquer le phénomène. La formule épigénétique : le stress provoqué par cette situation à multiplié les mutations et l’environnement modifié par les parasitoïdes, a « choisi » les ailes plates. Ces ailes plates avaient peut-être déjà existé dans le patrimoine génétique de l’espèce, avant la mise en œuvre du dimorphisme sexuel et donc, put réapparaître plus rapidement à la faveur de mutations. La mutation suppressive du chant est d’ailleurs due à un seul locus lié au sexe. Le temps pour cette mutation paraît cependant très court, au regard de l’importance du changement physiologique.

 

Diminution drastique de l’Hypertélie:

Une autre hypothèse, qui a ma préférence : les mâles discrets, qui devaient être moins sélectionnés avant la prédation, ont perpétré leurs gènes. Par contre, les grillons aux mœurs ostentatoires et donc risqués, parce que repérables par la guêpe parasitoïde, mouraient. A priori, le nouveau mode de « signal amoureux » consiste en ce que 10% des mâles stridulent encore et permettent aux mâles silencieux de se positionner tout près, pour bénéficier de l’appel à accouplement sans encourir de péril. Ces mâles devaient déjà réussir à se perpétuer « en cachette » avant l’attaque des parasitoïdes. Certains jeunes éléphants de mer agissent ainsi, qui profitent des combats de mâles dominants pour des accouplements brefs et discrets leur permettant de préserver leur intégrité physique.

La prudence des guêpes parasitoïdes:

Cette stratégie d’adaptation semble plausible car les parasitoïdes sont utilisés en agriculture dans le cadre de la lutte biologique. Les éleveurs savent que la population visée par les parasitoïdes diminue drastiquement mais ne disparaît pas. Il s’agit d’un mécanisme de survie qui permet d’éviter que les prédatés, ici les grillons , qui servent de support à la reproduction des parasitoïdes, restent assez nombreux pour transmettre les gènes de ces parasitoïdes.  Je ne connais pas ce mécanisme de survie précis mais il me rappelle le dispositif de régulation à l’intérieur des ruches. Mon expérience d’apiculteur amateur m’a appris que le nombre de pontes de mâles dépend de la météo et de la capacité des abeilles à nourrir les membres du rucher.

 

 

Le paradoxe du LEK: à quoi ça sert?

Pour Thierry Lode, selon la théorie des bons gènes, les préférences se répéteraient inlassablement vers les mêmes indicateurs et, donc, vers les mêmes individus porteurs. Le choix réitéré à chaque génération, l’entière population devrait montrer un patrimoine génétique restreint. Cette réduction inéluctable de la variation et, par conséquent, du choix est un processus connu sous le nom de paradoxe du LEK. Plus la sélection opère la ségrégation d’un caractère, plus le panel de choix diminue. Alors, comment expliquer le maintien de la diversité génétique, cette diversité qui garantit que les femelles aient encore un choix ?

Chez les humains:

Cela me rappelle la lecture d’un livre de psychologie sociale qui évoquait le processus d’appariement chez les humains. Les auteurs, Kenneth et Mary Gergen, affirmaient que la majorité des gens ne recherchaient pas ardemment la plus belle créature qu’ils puissent trouver, même s’ils désiraient plutôt quelqu’un de beau, ils tenaient compte de leurs propres chances de conquêtes. C’est sûrement très complexe mais il doit exister des paramètres multiples.

Objectif: le succès de la reproduction.

Joan Roughgarden, une biologiste américaine, spécialiste de l’écologie comportementale et de la biologie des populations, assure, dans son livre « Le gène généreux », que la sélection sexuelle ne serait pas principalement l’accès au partenaire mais aurait comme objectif le succès de la reproduction. Elle a pour rôle principal de rééquilibrer le portefeuille de variations génétiques d’une espèce pour pouvoir répondre continuellement à des circonstances modifiées et ceci, par la reproduction sexuée. L’objectif est de maximiser le nombre de descendants et non la qualité génétique : la concurrence entre les partenaires y est donc d’importance secondaire.

Paradoxe du LEK pour le grillon champêtre du pacifique:

Ici, pour le grillon champêtre du pacifique, nous pouvons émettre l’hypothèse que les femelles ne choisissaient pas toutes les grillons les plus tapageurs mais, que certaines d’entre elles, donnaient leurs préférences à des candidats discrets. Cette discrétion qui devient, maintenant, un adjuvant de survie pour l’espèce.  Nous observons ici l‘utilité de la sexualité qui préserve la biodiversité .

 

 

Adaptation pour la survie: une leçon d’humilité.

La survie de cette espèce montre l’adaptation du système de reproduction et le maintien de son efficacité malgré une diminution drastique des caractères hypertéliques des mâles. Le signal sexuel acoustique ostentatoire devenant trop coûteux du fait d’une modification de l’environnement, provoque un handicap pour la survie de ces mâles et donc, pour celle de tous leurs descendants. Ici, comme d’habitude, la survie de l’espèce a primé sur la survie des individus de l’espèce.

 

 

Un autre exemple: Les babouins du Kenya:

Il s’agit de la recherche de Robert Sapolsky, neuroendocrinologue, professeur à l’Université de Stanford, sur une colonie de babouins au Kenya, dans la réserve nationale de Massai Mara. L’objet de sa recherche consistait en l’observation de la relation entre leur comportement social et leur place dans la hiérarchie de pouvoir. Ceci  est mis en lien avec le degré de stress social qu’ils ressentent et la façon dont leur corps y réagit. Les déchets d’une décharge, provoquée par l’industrie du tourisme a progressivement remplacé leur alimentation habituelle. Elle a provoquée des changements physiologiques délétères mais également le décès de certains de ses membres qui avaient ingéré de la viande contaminée, notamment les mâles alpha, en faible nombre, mais qui détenaient jusqu’alors le pouvoir. L’organisation de la colonie, jusqu’ici fortement hiérarchisée, caractérisée par un niveau de stress faible pour les mâles dominants et un fort niveau de stress pour les mâles dominés et les femelles, s’est alors transformée : les femelles et les mâles bêtas se partageant les décisions dans un esprit de coopération, Robert Sapolsky constata que les marqueurs de stress baissaient notablement pour cette population et que leur santé s’améliorait.

Un exemple supplémentaire:

Une autre espèce de singe, transportée d’Asie vers un îlot d’Amérique centrale, par un scientifique, pour le confort de sa recherche, a modifié son comportement suite à un événement. Un ouragan a arraché les arbres de l’île qui permettaient aux singes de se protéger du soleil. Ces singes territoriaux, jusqu’ici fort jaloux de leur coin d’ombre, se sont mis à coopérer pour permettre aux plus jeunes et donc aux plus fragiles de bénéficier des maigres zones d’ombres persistantes.

Inspiration pour homo-sapiens?

Homo-sapiens est exposé à un effet paradoxal: un mécanisme de survie des espèces sexuées se retourne, pour lui, en un facteur de risque d’extinction. Les deux causes principales de ce phénomène sont la puissance de son cerveau et de son incompréhension du mécanisme qu’il subit. En effet, l’ hypertélie est un phénomène sélectionnant habituellement des sujets capables de survivre malgré des organes handicapants, donc particulièrement robustes. Elle permet aussi d’élargir la diversité biologique de l’espèce en explorant les frontières du possible. Pour notre espèce, cette hypertélie, du fait de la puissance de notre imagination, détruit son environnement et met sa survie en danger. En comprenant le mécanisme de sélection sexuelle en œuvre, nous devons pouvoir nous adapter pour préserver la planète qui nous sert d’habitat unique. Puisse les exemples cités plus haut inspirer Homo-Sapiens pour diminuer, lui aussi, ces organes hypertéliques externalisés (avions privés, yacht, voitures et maisons hypertrophiées, objets ostentatoires…) et les comportements qui leurs sont associés. Le temps presse du fait de l’inertie du climat et de son effet retard. Agissons collectivement, pour être au moins à la hauteur de l’intelligence d’adaptation des grillons.

Le second effet Darwin: Péché originel et compétition sexuelle.

Le second effet Darwin: Péché originel et compétition sexuelle.

Darwin saisit le serpent du péché originel.

Ceci constitue un résumé du livre que j’espère publier ultérieurement

Le péché originel par Darwin: Le venin du conflit et de la compétition sexuelle!

Comme tout processus évolutif, ce livre brasse les idées des autres, les recombinant dans un nouveau cadre en produisant une nouvelle perception de notre histoire et de nos possibilités d’agir. Il s’agit de la description d’un ‘accident’ de l’évolution à partir des concepts de Charles Darwin de compétition et de sélection sexuelles.

Un impact majeur sur l’instinct de sauvegarde de l’espèce

Lors de la découverte du lien de paternité, l’instinct le plus puissant et le plus ancré, celui de de la sauvegarde de l’espèce a été sévèrement impacté. A travers l’évolution des espèces qui ont précédé la nôtre, durant des millions d’années, cet instinct de reproduction s’est renforcé et complexifié. Au moment de cet événement, un changement brutal est intervenu qui a affecté les comportements de nos ancêtres. Ils ont du s’adapter sans comprendre le processus qu’ils subissaient. Depuis, Darwin nous a donné les clés de compréhension du péché originel, à travers ces concepts de sélection et de compétition sexuelles mais nous ne les avons pas encore saisies.

A travers plusieurs ouvrages, je vous propose d’en explorer les différents aspects. Il s’agira, dans ce résumé, d’idées très succinctes qui sont développées et seront mises à disposition dans un livre, lorsque j’aurais contacté et reçu les autorisations des auteurs.

Cet instinct de conservation de l’espèce est profondément ancré au cœur du cerveau. Nous avons maintenant compris que nos modes de vies actuelles compromettent l’avenir de notre espèce en déréglant le climat. Ce savoir rationnel ne suffit cependant pas, car nous ne comprenons pas les motivations inconscientes de notre comportement. J’espère que les spécialistes de ces domaines exploreront ces hypothèses afin que nous  levions les freins qui entravent notre besoin vital de changement.

Compétition et sélection sexuelles par Patrick Tort

Dans ce livre, nous commencerons par l’observation du cheminement de pensée de Charles Darwin lorsqu’il inventa les concepts de sélection et compétition sexuelles, à travers le livre de Patrick Tort : « L’effet Darwin. Sélection naturelle et naissance de la civilisation». Les effets des concepts Darwiniens sur notre société seront également abordés, y compris les points primordiaux qui sont restés dans l’ombre ou ont été dangereusement déformés. Particulièrement le fait que la sélection et l’accumulation d’avantages durant l’évolution sélectionne aussi les instincts les plus adaptés à leur environnement et pas seulement les variations organiques : il s’agit,ici, des instincts sociaux.

Pas de biodiversité sans sexualité par Thierry Lodé

Puis nous étudierons le lien entre sexualité et biodiversité, l’utilité et les multiples facettes de l’expression de cette sexualité chez les plantes et les animaux, y compris pour Homo-sapiens à travers le livre de Thierry Lodé : « La biodiversité amoureuse ».

La biodiversité: l’assurance de la robustesse et de la perpétuation de la vie.

 Cette planète n’est pas très sure. Alexis Jenni.

La plasticité de la vie ne se voit pas car nous ne voyons pas le temps mais nous n’en voyons qu’ une fine tranche. A qui conçoit le temps la vie apparaît pour ce qu’elle est : vive, souple, épanouie. Ce que Darwin décrit est une adaptation constante aux conditions environnementales et son évolution vers plus de diversité. On meurt beaucoup sur cette planète. Le taux d’extinction actuel, sur le dernier siècle, est de 8 à 100 fois supérieur à la normale. On se serait attendu à une dizaine d’extinctions, et on en observe des centaines. La biodiversité est un principe fondamental et efficient qui constitue la réserve de nouveauté qui a permis, permet et permettra l’adaptation et l’évolution. La biodiversité est une propriété intrinsèque du vivant, celle qui assure sa solidité et sa perpétuation. Le vivant n’est pas performant, il est robuste. Le vivant fait avec ce qu’il a, alors bien sûr, il a l’air un peu bricolé, mais cette richesse de désordre lui permet de surmonter toutes les situations. Enfin presque toutes, à un moment de réduction de la biodiversité, le biote mondial basculera, comme un château de cartes.

Découverte de José Braga : Croissance lente du bébé=obligation de coopération

Puis nous verrons comment les recherches récentes d’un paléoanthropologue français, José Braga, mettent en lumière l’obligation de coopération étroite de nos ancêtres. Il y a plus de deux millions d’années, pour assurer la survie de leur espèce, ils devaient prendre en charge des enfants à croissance, déjà, très lente.

La découverte du lien de paternité limite notre empathie

La découverte du lien de paternité a entraîné une révolution de nos schémas mentaux. Nous verrons qu’à travers leur article de synthèse, Steven W. Gangestad et Randy Thornhill de l’Université d’Albuquerque, affirment qu’il existe un œstrus chez la femelle humaine dans sa période péri-ovulatoire. Auparavant elle demeurait discrète sur ce sujet, ce qui permettait une sélection sexuelle sans inconvénient. Depuis la découverte du lien de paternité, notre empathie est réservée aux personnes qui ne sont pas des concurrents potentiels, les autres pouvant susciter de la méfiance, voire des sentiments bien plus négatifs.

Frans de Waal: du chimpanzé au bonobo

Dans un de ses livres « Le Singe En Nous », le primatologue Frans de Waal, examine les ressemblances fascinantes et inquiétantes qui existent entre le comportement des primates et le nôtre. Il compare les comportements des chimpanzés et des bonobos : L’un résout les questions de sexe par le pouvoir, l’autre les questions de pouvoir par le sexe. Homo-sapiens est passé d’un comportement à l’autre lors de la découverte du lien de paternité. Nous explorerons également l’utilité et les particularités du comportement amoureux.

Une coopération et un sens de la justice qui viennent de loin!

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Origine de l’inégalité et rivalité par Jean Jacques Rousseau

Jean Jacques Rousseau, dans « Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes »pensait que nous avons vécu dans un état de nature ou nous vivions sans distance avec nous-même mais que le développement de la passion amoureuse qui n’est pas fixé, dont le mécanisme producteur est une préférence qui peut produire de la jalousie, de la rivalité, de l’hostilité mais aussi le raffinement, le respect, le désir de possession, lui-même désir de pouvoir, de paraître, de domination, lui-même désir de se faire valoir, tout ceci est à l’origine des inégalités, de la propriété et des émotions négatives.

L’emprise des technologies du marketing et du numérique

Yann Dall’Aglio: Concurrence narcissique au sein du couple

Le philosophe Yann Dall’Aglio écrit dans « JT’M, L’amour est-il has been? » que chaque couple, loin d’être une petite cellule communiste qui se protège contre les affres de la concurrence, vit à l’air libre de la concurrence narcissique. Rien n’échappe à la pression comparative. Il décrit les conséquences délétères de la compétition sur nos relations intimes.

Anthony Galluzzo: Du citoyen au consommateur sans conscience

Puis « La fabrique du consommateur » d’Anthony Galluzzo, maître de conférences à l’université de Saint-Étienne montre comment l’univers marchand a envahi progressivement nos imaginaires, au point d’en devenir presque totalement invisible. Nous sommes conscients d’un certain nombre de conséquences sur nos vies mais la description de l’ensemble du processus et de ses conséquences est assez effrayant, notamment la transformation du citoyen en consommateur sans conscience. Nous comprenons mieux « La fatigue d’être soi » décrite par Alain Ehrenberg.

Algorithmisation de nos vies

Sur l’ampleur de nos conditionnements, un documentaire « Derrière nos écrans de fumée » alerte sur les dangers de ‘l’algorithmisation’ de nos vies, à travers les réseaux sociaux. Le seul objectif de ces entreprises, devenues géantes, est le profit. Les ex-cadres de ces entreprises géantes affirment qu’il est nécessaire de changer de « business model » et que le seul profit conduit à une déshumanisation et à une destruction des relations.

Numérisation et santé mentale par Gérald Bronner

Dans ‘ Apocalypse cognitive’ le sociologue Gérald Bronner affirme que l’image que renvoie le système numérique dit quelque chose de fondamental sur nous. L’agrégation de nos requêtes est un formidable révélateur de nos obsessions et de ce que nous cachons publiquement. Au vu du nombre de clics sur le sujet, le sexe en fait indéniablement partie.

Il y décrit les mécanismes de nos interactions avec ce nouvel outil ainsi que les conséquences et les risques induits pour notre santé mentale et celle de notre civilisation.

Un pas de côté

Jacques Dupuis : De la société matrilinéaire au patriarcat

L’historien, Jacques Dupuis, dans son livre « Au nom du Père » affirmait que la culture matrilinéaire est héritée d’une époque antérieure au néolithique où l’homme primitif ignorait tout principe de procréation : obéissant seulement à son instinct, il procréait sans le savoir. Pour lui, la conscience de la paternité génétique est un événement capital de l’histoire humaine. Dans ces sociétés matrilinéaires, les partenaires sexuels de la femme n’avaient aucuns droits sexuels d’accès exclusifs avant le basculement dans la société patrilinéaire.

Helena Norberg-Hodge : Dégâts de l’occidentalisation

Un long article de la philosophe, sociologue et enseignante Helena Norberg-Hodge qui a été la première occidentale à élire domicile dans la province himalayenne du Ladakh, au Cachemire décrivait, sur une période de trente années, les dégâts de l’occidentalisation des esprits sur les identités et les relations, devenues agressives. Pour elle, l’ancienne culture répondait à des besoins humains fondamentaux tout en respectant les limites naturelles. Pour le plus grand bien de la nature et des gens.

François Roustang: Impasse de l’individualisme

François Roustang, insiste, dans un de ses nombreux ouvrages, sur le fait que l’individualisme occidental est une impasse. La force de notre identité relève, en effet, de la force de notre insertion dans le réseau relationnel qui nous constitue tout au long de notre vie et, non, de notre capacité à nous autonomiser du rapport aux autres. Il affirme que contrairement à la théorie Freudienne, qui pense le psychisme individuel comme un objet fermé sur lui-même, l’individualité n’existe plus au niveau inconscient. L’inconscient est à la fois ce qui caractérise notre individualité et ce qui nous permet de communiquer avec les autres et avec le monde.

Philippe Descola: Animaux et nature: des partenaires sociaux

L’anthropologue français Philippe Descola, qui a étudié les mœurs d’un peuple d’Amérique du Sud, les Achuars, écrivait, dans son livre « La composition des mondes » qu’il s’était rendu compte qu’ils se comportaient avec les plantes et les animaux comme avec des partenaires sociaux : les plantes étaient traitées comme des parents consanguins, les animaux chassés étaient traités comme des parents par alliance, chacun étant sensé se conformer au système d’obligations que ces relations impliquent. Ces Achuars évitent des massacres inutiles car les esprits maîtres du gibier sont toujours prompts à punir les excès en envoyant des maladies ou en provoquant des accidents. Le temps qu’il consacre à la production de subsistance est très faible car ils ne sont pas prêts à renoncer aux mille choses qu’ils font quand ils ne travaillent pas.

Vision du monde et altruisme par Jacques Lecomte

Dans son livre « La bonté humaine », Jacques Lecomte révèle que la violence et l’égoïsme existent, mais ils ne correspondent pas aux aspirations profondes de l’être humain et que les satisfactions qu’ils peuvent éventuellement procurer ne sont que de fragiles faux semblants. La seule différence entre altruistes et non-altruistes réside dans le fait que les premiers ont une vision du monde où nous sommes tous reliés les uns aux autres par une humanité partagée. Ces valeurs permettent de mettre en œuvre une civilisation cohésive et équilibrée, sans mépris déshumanisant.

Une société basée sur des valeurs de l’affirmation de soi, de compétitivité et de concurrence désagrège les liens humains et finit par désarticuler notre communauté. Lempathie sélective devient dangereuse car elle creuse inégalités et injustices, jusqu’à les rendre intolérables et entraîner la violence.

Psychologie et neuroscience pour comprendre et changer

Besoin de cohérence de notre cerveau et recherche de sens par Pierre Cousineau et Sophie Côté

Dans « La reconsolidation thérapeutique de la mémoire. Transformer les schémas émotionnels avec la thérapie de la cohérence », Sophie Côté et Pierre Cousineau, expliquent que la progression des neurosciences au cours des dernières décennies a permis de faire un pont entre ce que les psychologues cliniciens observent dans leurs pratiques quotidiennes et ce que les scientifiques découvrent sur le fonctionnement neuropsychologique et somatique. Depuis plusieurs années les psychologues pensent que le la clé réside dans la compréhension du fonctionnement de la mémoire et des façons d’intervenir sur elle, car la fonction mémoire remonte aux origines de la vie.

Changer nos schémas mentaux: comprendre le passé et préserver l’avenir

Ils expliquent également dans « Pratiquer la thérapie des schémas », comment notre cerveau fabrique des schémas mentaux afin de pouvoir s’adapter au mieux à des environnements nouveaux en se servant de notre expérience. Ils décrivent également les inconvénients et le mal-être pouvant être provoqué par ce processus. Les thérapies qu’ils décrivent devant modifier ces schémas grâce à l’actualisation de nos ressources.

La compréhension du processus lié à la découverte du lien de paternité doit nous permettre d’identifier la source de notre agressivité, de modifier nos schémas mentaux en conséquence et d’agir en conscience avec ces nouvelles ressources. Le fait de comprendre notre passé et de le réinterpréter doit, aujourd’hui, permettre le changement nécessaire à la préservation de notre environnement. 

Bug dans notre cerveau: risque pour l’espèce par Sébastien Bohler

Dans « Le Bug Humain » le neuroscientifique Sébastien Bohler,explique que nous devons débusquer les profonds défauts de fabrication de notre propre pensée si nous voulons avoir une chance de ne pas faire partie bientôt de la liste des espèces disparues. Pour lui, le cerveau humain est programmé pour quelques objectifs essentiels, basiques liés à la survie à très brève échéance: manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’effort et glaner un maximum d’informations sur son environnement. Il y explique les dysfonctionnements engendrés par ces fonctions et les risques qui y sont attachés. Les neuroscientifiques ont découvert que le pouvoir renforce littéralement le striatum, la partie du cerveau sensible au plaisir sexuel. L‘avidité pour le prestige, les situations sociales conférant des privilèges sont une mécanique obstinée qui menace aujourd’hui de nous asphyxier, non seulement en polluant les rapports entre les sexes, mais aussi en créant des dégâts profonds sur nos modes de vie et sur notre environnement.

Recherche de sens et sauvegarde du climat par Sébastien Bohler

Dans « Où est le sens« , il montre qu’une autre partie du cerveau, un peu moins archaïque, mais tout de même infra-corticale, le cortex cingulaire antérieur, est à l’origine de notre recherche de sens, car elle était chargée de repérer les régularités et les anomalies de notre environnement, compétence indispensable, elle aussi, à la survie. La mémoire sert, avant tout, à prédire l’avenir à partir d’indices du présent, ce qui sert à contrôler, anticiper nos réactions et nos actions. Si le présent est conforme aux prédictions, le cortex cingulaire reste inactif, dans le cas contraire, il émet un signal d’erreur. Au cours de notre évolution, ce système s’est doté d’une capacité à intégrer des systèmes de signification plus large pouvant aller jusqu’à la perception d’un sens dans l’existence et dans l’univers tout entier.

Recherche chauffeur pour conduire l’humanité par Sébastien Bohler

Sébastien Bohler, a aussi écrit « Human Psycho« . « Comment l’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète » qui éclaire ces sujets, toujours à la lumière des découvertes scientifiques récentes, notamment en matière de neurosciences. À l’époque où il écrit le livre, en France, 82% des personnes souhaitaient des mesures rapides, quitte à modifier en profondeur leur mode de vie de façon globale, 64% des gens dans le monde considéraient la lutte contre le réchauffement climatique comme une urgence absolue. En voulant le meilleur, ces gens se rendaient bien compte que leurs efforts demeuraient vains, cela les décourageait, ils éprouvaient un sentiment d’impuissance. L’humanité, au sens collectif, est un psychopathe suicidaire. Il dépasse les limites qui ne doivent pourtant ne plus être dépassées au risque de cuire les calottes glaciaires et d’entraîner tous les êtres vivants dans les pires souffrances. Pour Sébastien Bohler, il nous faut une instance internationale démocratique qui prend des décisions et qui à les moyens de ses prérogatives.

Un cerveau pour la survie par Antonio Damasio

Le neuroscientifique Antonio Damasio affirme que nos comportements peuvent évoluer très rapidement car le principal rôle de notre cerveau n’est pas de faire des maths ou de la philo mais d’évaluer et d’anticiper en permanence les évolutions de notre environnement, d’y adapter nos comportements pour préserver l’équilibre biologique de notre corps.

Société désorganisée par le marché

Ne laissons pas le marché choisir pour nous: il est irrationnel par Jacques Ellul!

Jacques Ellul assurait, lui aussi, que le solutionnisme technique, c’est-à-dire le fait que de toutes les façons, nous trouverons toujours des solutions techniques aux problèmes que nous rencontrons est très dangereux car il s’agit d’une fuite en avant qui retarde la prise de décision politique nécessaire à lutter contre le réchauffement. L’homme croit se servir de la technique alors que c’est lui qui la sert. Il est prisonnier de la loi de Gabor : tout ce qui est techniquement possible doit être fait, indépendamment de toute autre considération.

La technique sans volonté de puissance par Gilbert Simondon

Il faut cependant être attentif à ne pas rejeter la science et la technique car comme l’écrivait le philosophe Gilbert Simondon, la technique est le meilleur moyen de lutter contre l’entropie, à savoir ici le désordre généré par notre système productif, en le rendant plus efficace, à la condition de se départir de l’idée de puissance, donc de compétition car c’est elle qui engendre le besoin d’être plus puissant que le concurrent, et nous savons maintenant les effets délétères de cette compétition qui amène de la peur, les sentiments d’irrespect, de colère et engendre un besoin de protection pouvant déboucher sur le fascisme.

Le mécanisme du changement climatique est dangereux et fatal

Dans Moins ! La décroissance est une philosophie, Kohei Saito affirme que  nous, les humains sommes en train d’altérer irrévocablement l’état de la planète.Si nous ne changeons pas nos modes de vie, à l’échelle mondiale, des centaines de millions de personnes seront contraintes de quitter leur lieu de vie, l’approvisionnement en nourriture pour les besoins humains, deviendra impossible et les pertes économiques pourront atteindre 27000 milliards de dollars par an. Ces dommages seront permanents. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone augmentent chaque année d’environ 2,6%. La perspective d’atteindre l’objectif d’un non dépassement de 2° n’a donc aucune réalité. Le mécanisme du changement climatique est dangereux et fatal, et c’est la raison pour laquelle la réduction des gaz à effet de serre ne peut se produire que dans un fort cadre réglementaire, extérieur au mécanisme du marché.

Le capitalisme du désastre

La consommation massive de combustible fossiles est à l’origine des changements climatiques, il existe, néanmoins, un décalage temporel sur plusieurs décennies avant la production de leurs effets. Le capital tente d’utiliser ce décalage pour générer autant de revenus que possible, en reportant les impacts sur l’avenir : il prend en compte les exigences des actionnaires et des gestionnaires actuels mais ignorent les voix des générations futures.

Pour réduire les coûts, et augmenter ou conserver les profits, le capitalisme tente d’augmenter la productivité du travail, mais il faut alors moins de personnes pour produire la même quantité de biens : il y a donc augmentation du chômage. Cette pression pour protéger les emplois pousse à une augmentation constante de la taille de l’économie. Le capitalisme ne peut pas sortir de ce piège de la productivité. De plus, sans l’exploitation de la main d’œuvre de ce lointain « Sud Global » et le pillage de ses ressources naturelles, notre style de vie serait impossible car, dans la logique du système capitaliste, plus il y a de sacrifices, plus les bénéfices des grandes entreprises augmentent. Même si la richesse nationale augmente, la vie du peuple se dégrade, contrairement à ce qu’écrit Adam Smith. C’est une augmentation de la richesse publique qui génère la richesse réelle.  Le « capitalisme du désastre » transformera la crise environnementale en opportunité commerciale, apportant aux classes privilégiées encore plus de richesse. L’État tentera de protéger les intérêts de ces classes privilégiées et réprimera sévèrement les populations.

Corriger le déséquilibre entre les 1% et les 99%

Nous devons donc corriger le déséquilibre entre les 1% et les 99%. Sans ces pénuries et raretés artificielles, nos sociétés n’auraient pas besoin d’autant de temps de travail pour fonctionner. La vie de millions de gens serait considérablement améliorée et, par la réduction de ce travail inutile, nous contribuerions à la restauration de l’environnement mondial. La technologie est devenue,elle-même, une idéologie qui dissimule l’absurdité du système actuel. Elle élimine la possibilité même de faire naître des styles de vie différents, de créer une société décarbonée. Une crise devrait normalement nous permettre de réfléchir à nos actions passées et d’imaginer des futurs différents : ici nous sommes dépouillés de notre imagination,de notre créativité, par la technologie monopolisée par des experts Il faut arrêter d’associer l’abondance à la croissance économique et réfléchir avec le plus grand sérieux à celle de la décroissance et l’abondance.

La voie des communs

Pour Kohei Saito, entre communisme de type soviétique et capitalisme, il existe une 3e voie : celle des communs. Elle propose une gestion démocratique, par les usagers des choses que l’on peut qualifier de « biens publics » tels que l’eau, l’électricité, le logement, les soins ou l’éducation. Pour notre propre survie, il faut nous orienter vers une société plus juste et plus durable : c’est cela qui en fin de compte augmentera les chances de survie de toute l’humanité. La clé de notre survie est donc l’égalité et Kohei Saito propose de nous diriger vers un post-capitalisme de décroissance.

Nous devons rompre avec des valeurs du capitalisme américain qui considère que nos styles de vie, extrêmement lourds pour l’environnement, sont l’expression de nos libertés. La marchandise nous promet un idéal qui échoue à se réaliser, mais cet échec est inhérent à la société consumériste et c’est cet échec qui nous fait courir sans cesse derrière la consommation. La sensation d’insatisfaction qui naît de cette rareté est le moteur du capitalisme et jamais elle ne pourra nous rendre heureux. Pour y échapper il nous faut donc créer une société d’abondance qui résiste à la rareté artificielle créée par le capitalisme. Le moyen de restaurer l’abondance c’est de reconstruire les communs. Les moyens de production doivent aussi être traités comme des communs. Ce qui rend cela possible, ce n’est pas la propriété privée des décideurs ou des actionnaires, ce n’est pas non plus les entreprises d’État, c’est la propriété sociale par les travailleurs eux mêmes, notamment à travers les coopératives de travailleurs qui visent la transformation des rapports de production en apportant la démocratie dans le lieu de travail.

Pour Joseph Stiglitz, l’état doit intervenir pour éviter une concentration excessive du pouvoir

Joseph Stiglitz, invité des matins de France Culture, met en lumière la tension entre la « liberté des loups« , autrement dit les actionnaires, et les effets collatéraux qu’elle peut avoir sur d’autres personnes. Il suggère qu’il est essentiel de trouver un équilibre entre les libertés individuelles et les responsabilités collectives. À cet égard, la montée des monopoles, notamment dans le domaine des réseaux sociaux et des géants de la tech comme Elon Musk et Jeff Bezos, soulève de sérieuses préoccupations. Ces grandes entreprises concentrent un pouvoir énorme et peuvent influencer les comportements et croyances des individus, notamment par le contrôle de l’information, soutient l’économiste. Il considère ce phénomène comme une forme de « propagande privatisée« , plus dangereuse que les monopoles industriels du passé, car elle touche à la liberté d’opinion et à la manipulation des masses. L’État, selon lui, doit intervenir pour réguler ces géants et éviter une concentration excessive de pouvoir.

Les « erreurs » de Friedrich Hayek

Joseph Stiglitz critique l’argumentation du néolibéralisme, notamment les idées de Friedrich Hayek, qui postulait que le capitalisme ne devait pas générer de monopoles, mais qu’au contraire, la concurrence serait bénéfique pour la société. Selon lui, l’expérience montre que cette théorie est erronée : loin de garantir la liberté et l’enrichissement de tous, elle mène à des situations où les grandes entreprises prennent le contrôle de l’économie et de la société. Il fait remarquer que les promesses dun capitalisme libéré des régulations, à la manière de Hayek, ont échoué, et que l’intervention de l’État est désormais nécessaire pour limiter les dégâts des monopoles et restaurer l’équilibre économique et social.

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Compétition capitaliste: Baise ton prochain par Dany-Robert Dufour

Le philosophe Dany-Robert Dufour,dans « Baise ton prochain », décrit la compétition capitaliste comme une guerre généralisée de chacun contre chacun depuis que les pulsions ne sont plus freinées par une instance régulatrice, les vices, comme l’avidité, ruinent les liens humains. Le seul vrai objectif du marché est l’accumulation du capital et toute intention morale est, dans ce cadre, vouée à l’échec de ce fait. Duper ou périr, « baiser son prochain » comme l’affirme Dany-Robert Dufour est le moteur du capitalisme, si je ne dupe pas mon prochain, c’est moi qui vais l’être.

Capital: Mini service: grands effets par Pierre-Yves Gomez

Pour Pierre Yves Gomez, dans « Le travail invisible« , le capital n’est qu’un maigre service, à savoir une simple avance d’argent, le temps que les produits ou services se vendent. Le travail et sa créativité constituant la seule vraie richesse des nations. Depuis la financiarisation des entreprises, du fait de la mise en œuvre des fonds de pensions, ces entreprises sont condamnées à grossir ou périr, en rachetant ou éliminant les voisins, en intensifiant le travail sans limites, en innovant sans cesse, sans préoccupation des effets de ces inventions sur la société. Actuellement, les porteurs d’actions dirigent le monde avec un seul objectif, faire de l’argent, sans préoccupation du bien commun: « les affaires sont les affaires. » En France, par exemple, plus de 95% des actions sont détenues par moins de 5% de la population. Cette poignée d’actionnaires, par leur puissance financière et d’influence, pèse tant sur les choix économiques, politiques et sociaux, que de plus en plus de citoyens sont tentés par des systèmes autoritaires. Ce profond déséquilibre entre services rendus et bénéfices engrangés s’apparente à un parasitisme intolérable au moment où nous avons tant besoin de ressources pour éviter le basculement climatique et nous adapter au réchauffement. Cet actionnariat est devenu obsolète et mortifère.Là aussi, la coopération doit remplacer la compétition.

Capitalisme: à moi le profit, aux autres les risques.

Dans son livre « L’état entrepreneur, » l’économiste Marianna Mazzucato focalise notre attention sur le fait que les innovations de rupture de ces dernières décennies sont le fait des états. Ces « vraies innovations » sont obtenues par l’intermédiaire des organisations qui travaillent directement  dans le domaine de la recherche et des effets de leviers de nombreuses autres organisations financées directement ou indirectement par les états. Il s’agit d’un capital patient, capable d’organiser des recherches longues et dont l’aboutissement est incertain contrairement aux « capital-risqueurs » qui exigent un retour sur investissement rapide et sans grand risque. Notre téléphone ne serait pas smart sans l’état américain. L’état chinois est particulièrement actif sur l’industrie solaire et automobile, et sur bien d’autres technologies. L’Europe est décrochée de la course à l’innovation du fait de sa croyance naïve en l’efficacité du marché. La légitimité des capitalistes provient de la rémunération du risque. Nous nous apercevons, à travers ce livre documenté que nous sommes, nous citoyens, à travers nos impôts,  les vrais capital-risqueurs efficaces tandis que les capitalistes absorbent goulument les profits les moins risqués. De plus, la concentration de capital dans quelques mains oligarchiques déstabilise la démocratie. Ces travaux mettent en lumière le parasitisme inefficace et déstabilisateur des capitalistes. Un état entrepreneur et des entreprises mutualistes ou coopératives constitueraient donc un écosystème plus efficace et plus robuste pour affronter les soubresauts prévisibles qui seront les conséquences du dérèglement climatique.

Avidité sans limites: risque pour le climat par Hervé Kempf

Dans « Comment les riches détruisent la planète »d’Hervé Kempf, rédacteur en chef de la revue « Reporterre », on ne peut comprendre la concomitance des crises écologiques et sociales si on ne les analyse pas comme les deux facettes d’un même désastre. Celui-ci découle d’un système piloté par une couche dominante qui n’a plus aujourd’hui d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie. Cette oligarchie prédatrice est l’agent principal de la crise globale. « Consommer moins et répartir mieux » serait le mot d’ordre afin d’éviter la croissance matérielle qui accroît la dégradation environnementale. Hervé Kempf rappelle que, depuis 1990, les climatologues craignent que le climat ne bascule de plusieurs degrés et s’emballe de façon irréversible.

La croissance pour accepter les inégalités par Hervé Kempf

Hervé Kempf s’étonne que personne parmi les économistes patentés, les responsables politiques, les médias dominants, ne critique la croissance qui est devenue le grand tabou, l’angle mort de la pensée contemporaine. Pourquoi ? Parce que la poursuite de la croissance matérielle est pour l’oligarchie le seul moyen de faire accepter aux sociétés les inégalités extrêmes sans remettre en cause celles-ci. La croissance crée en effet un surplus de richesses apparentes qui permet de lubrifier le système sans en modifier la structure.

Démonter la pyramide par le haut pour éviter l’effondrement:

Les plus riches: principal levier de changement par Thorstein Veblen:

L’économiste Thorstein Veblen a écrit, « Théorie de la classe de loisir« , publié en 1899. Il y affirme que l’économie est dominée par un principe « la tendance à rivaliser et à se comparer à autrui pour le rabaisser-est d’origine immémoriale : c’est un des traits les plus indélébiles de la nature humaine. »

Adam Smith, dans sa « théorie des sentiments moraux », relevait que « l’amour de la distinction, si naturel à l’homme(…), suscite et entretient le mouvement perpétuel de l’industrie du genre humain ».

La possession de la richesse est restée le moyen de la différentiation, son objet essentiel n’étant pas de répondre à un besoin matériel, mais d’assurer « une distinction provocante », autrement dit d’exhiber les signes d’un statut supérieur. Certes, une partie de la production des biens répond aux « fins utiles » et satisfait des besoins concrets de l’existence. Mais le niveau de production nécessaire à ces fins utiles est assez aisément atteint. Et, à partir de ce niveau, le surcroît de production est suscité par le désir d’étaler ses richesses afin de se distinguer d’autrui. Cela nourrit une consommation ostentatoire et un gaspillage généralisé.

Consommation ostentatoire: tout le monde imite les plus riches

Le principe de consommation ostentatoire régit la société. Celle-ci s’est diversifiée en de nombreuses couches dont chacune se comporte selon le même principe de distinction, c’est-à-dire en cherchant à imiter la couche supérieure. C’est à la classe la plus haut placée tant par le rang que par l’argent-celle qui possède et richesse et loisir, que revient de déterminer, quel mode de vie la société doit tenir pour recevable ou générateur de considération. La classe de loisir, poursuit l’économiste, « se tient au faîte de la structure sociale : les valeurs se mesurent à sa toise, et son train de vie fixe la norme d’honorabilité pour la société toute entière. Le respect de ces valeurs, l’observance de cette norme s’imposent plus ou moins à toutes les classes inférieures. Il s’agit donc de s’adresser à cette classe supérieure pour déconstruire la pyramide de l’ostentation destructrice par le haut afin d’éviter que tout la structure ne s’écroule.

Trop riche! inutile et dangereux

Pourtant, au-dessus d’un certain niveau de revenu, il y a dé-corrélation entre le niveau de bien-être et le niveau de revenu, le premier arrêtant de progresser même si le second poursuit son ascension, les économistes appellent cet effet le paradoxe d’Easterlin. Cet effet contredit la théorie du ruissellement d’Adam Smith.

L’ONG OXFAM affirme que les 1 % les plus riches (77 millions de personnes) seraient responsables de 16 % des émissions mondiales de CO2 en 2019, soit l’équivalent de l’empreinte carbone des deux tiers de l’humanité (5 milliards de personnes).

Ces émissions disproportionnées ne sont pas sans conséquence sur le réchauffement climatique et sur la mortalité des populations, notamment les plus vulnérables. Le mode de vie des ultras-riches, très « gourmand en carbone », serait ainsi, à très court terme (entre 2020 et 2030), à l’origine de 1,3 million de décès supplémentaires dans le monde en raison des fortes chaleurs.

 Rivalité ostentatoire

Le ressort central de la vie sociale, dit Veblen, est la rivalité ostentatoire qui vise à exhiber une prospérité supérieure à celle de ses pairs. La différentiation de la société en de nombreuses couches excite la rivalité générale. Cette notion rejoint la rivalité mimétique de René Girard.

Hypertélie: que sont mes limites devenues par Patrick Tort ?

Dans « L’intelligence des limites. Essai sur le concept d’hypertélie » Patrick Tort, évoque le concept d’hypertélie comme découlant du comportement préparant à l’union sexuelle et reproductrice, susceptible de produire des effets contre-sélectifs par la mise en danger, notamment la surexposition des mâles à la prédation.

Il le définit comme le dépassement, par croissance exceptionnelle d’un organe ou d’un caractère, des limites à l’intérieur desquelles cet organe ou ce caractère peut-être dit adapté à sa fonction. Toute hypertélie engendre une dystélie, c’est-à-dire un dérèglement de la fonctionnalité première de l’organe qu’elle affecte, cette désadaptation de l’organe entraînant, par corrélation une désadaptation globale de l’organisme. Toute hypertélie concerne la composante relationnelle : capture, défense, intimidation, emprise, camouflage, ruse, tromperie, séduction. Ces modalités de l’action sur autrui convoquent invariablement un usage inflationnel des signes.

Cette hypertélie permet au mâle d’augmenter sa vie dans la procréation, au risque évidemment de la perdre. Elle fragilise l’individu concerné par rapport aux conditions ordinaires de sa survie mais cette négativité est surcompensée par la performance reproductive au niveau de la population ou de l’espèce.

Sélection des instincts sociaux pour la survie de notre espèce:

Patrick Tort rappelle que, pour Darwin, la sélection naturelle est à l’origine du développement exceptionnel des instincts sociaux au sein des groupes humains. Le développement du sens moral a permis de sélectionner des conduites solidaires utiles à la survie des groupes et donc, du fait des interactions, de contribuer à la croissance de l’intelligence.

Pour Patrick Tort, ce n’est pas l’Homme qui a détruit les équilibres planétaires au sein desquels s’inscrivait depuis les premiers âges son activité économique, mais bien l’ensemble des classes dominantes autour d’un modèle de croissance qui a édicté les règles de la productivité, du commerce, de la finance et qui a établi des normes de consommation démesurées qui nous conduisent au désastre climatique. Il rappelle que le Club de Rome avait commandé, en 1972, un rapport, nommé MEADOWS, au Massachussetts Institute of Technology, qui caractérisait les multiples aspects autodestructeurs de l’emballement économique et qui prévoyait avec l’aide de modèles mathématiques, la situation de dépassement des limites environnementales qui conduit au désastre écologique que nous constatons.

Revoir les bases du Darwinnisme.

Effondrement de la biodiversité masculine au Néolithique.

Léa Guyon et Raphaelle Chaix, du muséum d’histoire naturelle, affirment dans un article publié dans The Conversation, qu’il y a entre 3 000 et 5 000 ans, la diversité génétique du chromosome Y, transmis de père en fils et responsable des caractéristiques sexuelles mâles, s’effondre dans le monde entier, alors que la diversité génétique maternelle n’est pas affectée. Dans une étude qu’elles ont publiée dans Nature Communications, en collaboration avec Évelyne Heyer, Jérémy Guez et Bruno Toupance, elles  montrent que cette chute pourrait être le résultat d’une transition dans l’organisation sociale des sociétés anciennes. À cette période, les femmes viennent désormais vivre chez leur mari, et leurs enfants sont systématiquement affiliés au lignage et clan de leur père.

Les chercheuses émettent l’hypothèse qu’une transition vers des systèmes patrilinéaires soit à l’origine de l’effondrement de la diversité du chromosome Y. Différents lignages ont des statuts sociaux différents, et plus un lignage est riche et puissant, plus ses descendants sont nombreux : ces différences engendrent l’expansion de certains lignages puissants, et des chromosomes Y qui leur sont associés, au détriment d’autres. Ainsi certains chromosomes Y augmentent en fréquence et d’autres disparaissent par le jeu de la compétition sociale sans qu’aucun homme ne meure de combat ou d’épidémie.

Cette étude remet ainsi en question une thèse proposée précédemment selon laquelle des affrontements violents dus à la compétition entre différents clans, au cours desquels beaucoup d’hommes mourraient, étaient à l’origine de la perte de diversité génétique du chromosome Y. En effet, la comparaison entre des scénarios guerriers et non guerriers a mis en évidence que la guerre n’est ni nécessaire ni suffisante pour expliquer cette chute de diversité du chromosome Y : l’organisation patrilinéaire est un facteur d’érosion de la diversité du chromosome Y quatre fois plus efficace que la guerre !

Petite note personnelle: pour que l’organisation patrilinéaire se mette en place, il fallait la connaissance du lien de paternité. Les premiers sites mégalithiques de Göbekli et de Karahan Tepe symbolisent, particulièrement ce dernier avec sa salle des Phallus érigés, ces évolutions, ainsi que les résistances qu’elles ont suscitées car ces monuments ont été soigneusement recouverts, par la suite.

Arracher les fruits des innovations des mains de l’élite

Dans « Pouvoir et Progrès, Technologie et prospérité, notre combat millénaire. » Daron Acemoglu et Simon Johnson, Prix du livre technologique de l’année du Financial Times et  prix 2024 en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, affirment que dans l’histoire, depuis le néolithique, les progrès technologiques ont toujours profité à l’élite et souvent détérioré les conditions de vie quotidienne du peuple. Les auteurs critiquent le techno-optimisme et la théorie du ruissellement, affirmant que le progrès technique est souvent confisqué par des élites qui maintiennent leur pouvoir. Pourtant, lorsque les dominants se sont affaiblis ou que le peuple s’est organisé, il a existé de longs moments de prospérité partagée. Il existe, en effet, des moyens de freiner l’égoïsme et les visions démesurées, mais il ne faut surtout pas s’attendre à ce que ce type de comportement, responsable, émerge des personnes qui détiennent un grand pouvoir. Il faut encore moins compter sur la responsabilité sociale de ceux qui ont des visions et des rêves puissants, pour façonner l’avenir . L’avenir doit être façonné en créant des contrepoids et qu’un ensemble diversifié de voix, d’intérêts et de perspectives s’opposent à la vision dominante. Il s’agit de garantir un cadre institutionnel dans lequel les citoyens ordinaires sont bien informés et politiquement actifs et dans lequel les normes et la pression sociale apportent des perspectives et des opinions diverses contraignant les monopoles sur la définition de l’ordre du jour. Ceci est d’autant plus important que l’Intelligence artificielle affaiblit les démocraties et renforce les dictatures par la concentration du pouvoir de surveillance extraordinaire qu’elle introduit, y compris au sein des entreprises.

Panne des Lumières par Corine Pelluchon

Les lumières à l’âge du vivant’ de Corine Pelluchon affirme que les lumières sont inséparables de l’idéal d’un état fondé sur la liberté et l’égalité des citoyens. Actuellement, le sentiment d’impuissance et les frustrations des individus appartenant aux couches sociales défavorisées se sont transformés en désir de soumission et en mépris des plus faibles, comme on le vit, dans les années 1930, avec la montée de l’autoritarisme.

Elle est où la raison, elle est où ?

La raison est devenue folle car la réalité tout entière est soumise au diktat de la rentabilité et la raison devient un simple outil de mesure. La raison a perdu toute objectivité. Chaque chose, chaque être est identifié, mesuré, quantifié, objectivé et manipulé. La raison a été pervertie car elle a perdu tout ancrage dans le monde objectif, toute dimension universalisante, est devenu formelle, abstraite et déshumanisante. L’économisme, qui désigne la soumission de toutes les activités au diktat du profit, caractérise le capitalisme contemporain et est un aboutissement de la rationalité instrumentale. Elle évoque la trahison des Lumières, de leur idéal d’émancipation individuelle et sociale, dans le contexte de la mondialisation et la transformation de leur projet de maîtrise de la nature en une exploitation sans limites des vivants qui est écologiquement insoutenable, socialement injuste et politiquement dangereuse.

Ni liberté, ni égalité sans fraternité

Les lumières n’ont pas pu tenir leur promesse, parce que l’alliance de la liberté, de l’égalité, de la justice et de la paix s’enracine dans la fraternité qui suppose que l’on se sente relié aux autres et responsable d’eux. En opposant la raison à la nature, en faisant reposer le contrat social sur une philosophie de la liberté où chacun se définit contre les autres, on ne peut constituer une véritable communauté politique ni empêcher le retournement du libéralisme en son contraire.

Liberté et responsabilité: limiter mon pouvoir

La responsabilité, mais aussi l’auto-limitation, la manière dont je fais de la place aux autres au sein de mon existence et me soucie de ce que ma place au soleil ne soit pas usurpation de la place d’autrui, change, de l’intérieur, la liberté. La responsabilité est une altérité en soit car elle implique de reconnaître que l’autre échappe à mon pouvoir, qu’elle souligne la limite de mon pouvoir et les limites que je dois assigner à mon bon droit.

De la compétitivité mortifère à la coopération: Du capitalisme au mutualisme.

L’humain ne peut plus croire que tout est déjà écrit, la possibilité lui est offerte de prendre en main son destin. L’évolutionnisme de Darwin prolonge l’héritage des lumières. Il ne faut donc pas s’étonner de l’hostilité qu’il a suscité et qu’il suscite encore. La plupart des élites dirigeantes du monde entendent soumettre les citoyens et la démocratie au capitalisme qui apparaît comme la seule organisation sociale et économique possible. Pourtant une telle manière de gouverner et d’administrer des biens publics repose sur une conception déterministe de l’histoire qui passe pour l’expression suprême du réalisme politique, alors qu’elle relève d’une croyance aveugle et que ces politiques publiques sont désastreuses écologiquement, socialement et politiquement. Elles ne peuvent qu’aggraver le dérèglement climatique et provoquer des conflits dus à la raréfaction des ressources, à l’accroissement des inégalités et aux réflexes de repli sur soi qu’elle entraîne.

Remise en question urgente

Pour Corine Pelluchon, c’est le mouvement par lequel l’individu accède à une nouvelle représentation de lui-même passe par la remise en question de l’ordre social et politique existant. Enfin il s’agit de comprendre comment la remise en cause d’un modèle de développement aberrant écologiquement et socialement peut déboucher sur un engagement en faveur de la vie et du vivant qui ne dégénère pas en écofascisme.

Se libérer des rapports de force pour vivre heureux par Hélène Roubeix

« A La rencontre de soi. Se libérer des rapports de force. » est un livre d’Hélène Roubeix, psychothérapeute et fondatrice de l’École de PNL humaniste. Elle y commente l’histoire de Robinson Crusoé qui est la traduction métaphorique de la construction de l’identité et la nécessaire maturation qui conduit l’individu des relations de pouvoir à sa juste autorité. Il passe par une phase d’impuissance, puis de toute puissance et enfin Robinson découvre une nouvelle réalité qui est le reflet de sa disposition intérieure, il se montre capable de plus d’indulgence. A l’égard de lui-même, comme si la guerre cessait à l’intérieur de lui et laissait place naturellement à la vie, à la paix, au bonheur. « La vanité de toute son œuvre lui apparut, d’un coup, accablante, indiscutable… ».

Une forme de sérénité : « Je n’ai plus peur de mourir parce que ma vie à un sens, je n’ai plus besoin de remplir ma vie, elle est pleine de vie, je n’ai plus besoin de me prouver quoi que ce soit, plus besoin de performance. Je m’accepte tel que je suis. J’ai retrouvé le lien avec moi et les autres. » Le patient, en thérapie, va devoir opérer un retournement de son Moi. Il nécessite une prise de conscience du rapport de domination qui existe entre les deux parts de lui-même, qu’il découvre: la tyrannie et la violence qu’exerce son Moi sur son Soi.

Nos comportements pilotés par nos valeurs de Christine Châtaigné:

Christine Châtaigné affirme dans « Psychologie des valeurs«  que nos comportements sont sous-tendus par des valeurs que nous activons. Jusqu’à présent, les valeurs liées à l’affirmation de soi, au pouvoir et à la domination étaient prépondérantes, valeurs à l’opposé de l’universalisme, de la tolérance et de l’attention à l’autre. Ces dernières provoquent des valeurs liées à l’anxiété, de repli sur soi et de sécurité, qui peuvent conduire à des modes de gouvernements autoritaires.

Des valeurs inversées pour changer les comportements par Françoise d’Eaubonne

Françoise d’Eaubonne, dans « le grand renversement » prône un changement de valeurs vers les valeurs réputées féminines au détriment des valeurs masculines. Les valeurs du patriarcat, l’appropriation à travers le système marchand, la dominance, portée par la hiérarchie et le spectacle, l’agressivité compétitive, dont les vecteurs sont la guerre et le travail, l’illimitisme dont les symptômes sont la surexploitation compulsionnelle par la production marchande, les racismes démultipliés, les conquêtes sans fin, le stakhanovisme, la surpopulation versus les valeurs pré-patriarcales le pacifisme, l’égalitarisme, le ludique, la connaissance des bornes. Pour elle, la cogestion égalitaire constitue la mutation indispensable pour sortir des trois échecs que constituent la révolution de papa, le féminisme de maman et le capitalisme. Il est nécessaire de contester la racine partout patriarcale et pas seulement capitaliste car tout combat qui va au bout de soi-même rencontre tous les autres alors que tout combat qui s’éloigne des autres perd de vue sa propre fin. Ce grand renversement devient un impératif urgent à mettre en œuvre pour échapper au piège hypertélique qui a commencé à se refermer sur notre espèce.