Darwin saisit le serpent du péché originel.

.Cet article éclaire l’événement déclencheur et de ses nombreuses conséquences sous différents angles à l’aide de plusieurs disciplines

Les conséquences de la découverte du lien de paternité au sein de notre civilisation et le danger que représente le fait de ne pas comprendre ce processus. 

 

Le péché originel par Darwin: Le venin du conflit et de la compétition sexuelle!

Comme tout processus évolutif, cet article brasse les idées des autres, les recombinant dans un nouveau cadre en produisant une nouvelle perception de notre histoire et de nos possibilités d’agir. Il s’agit de la description d’un ‘accident’ de l’évolution à partir des concepts de Charles Darwin de compétition et de sélection sexuelles.

Un impact majeur sur l’instinct de sauvegarde de l’espèce

Lors de la découverte du lien de paternité, l’instinct le plus puissant et le plus ancré, celui de de la sauvegarde de l’espèce a été sévèrement impacté. A travers l’évolution des espèces qui ont précédé la nôtre, durant des millions d’années, cet instinct de reproduction s’est renforcé et complexifié. Au moment de cet événement, un changement brutal est intervenu qui a affecté les comportements de nos ancêtres. Ils ont du s’adapter sans comprendre le processus qu’ils subissaient. Depuis, Darwin nous a donné les clés de compréhension du péché originel, à travers ces concepts de sélection et de compétition sexuelles mais nous ne les avons pas encore saisies.

A travers plusieurs ouvrages, je vous propose d’en explorer les différents aspects. Il s’agira, dans ce résumé, d’idées très succinctes qui seront développées ultérieurement.

Cet instinct de conservation de l’espèce est profondément ancré au cœur du cerveau. Nous avons maintenant compris que nos modes de vies actuelles compromettent l’avenir de notre espèce en déréglant le climat. Ce savoir rationnel ne suffit cependant pas, car nous ne comprenons pas les motivations inconscientes de notre comportement. J’espère que les spécialistes de ces domaines exploreront ces hypothèses afin que nous  levions les freins qui entravent notre besoin vital de changement: de la compétition qui nous détruit vers la coopération…

Compétition et sélection sexuelles par Patrick Tort

Nous commencerons par l’observation du cheminement de pensée de Charles Darwin lorsqu’il inventa les concepts de sélection et compétition sexuelles, à travers le livre de Patrick Tort : « L’effet Darwin. Sélection naturelle et naissance de la civilisation». Les effets des concepts Darwiniens sur notre société seront également abordés, y compris les points primordiaux qui sont restés dans l’ombre ou ont été dangereusement déformés. Particulièrement le fait que la sélection et l’accumulation d’avantages durant l’évolution sélectionne aussi les instincts les plus adaptés à leur environnement et pas seulement les variations organiques : il s’agit,ici, des instincts sociaux.

Pas de biodiversité sans sexualité par Thierry Lodé

Puis nous étudierons le lien entre sexualité et biodiversité, l’utilité et les multiples facettes de l’expression de cette sexualité chez les plantes et les animaux, y compris pour Homo-sapiens à travers le livre de Thierry Lodé : « La biodiversité amoureuse ».

La biodiversité: l’assurance de la robustesse et de la perpétuation de la vie.

 Cette planète n’est pas très sure. Alexis Jenni.

La plasticité de la vie ne se voit pas car nous ne voyons pas le temps mais nous n’en voyons qu’ une fine tranche. A qui conçoit le temps la vie apparaît pour ce qu’elle est : vive, souple, épanouie. Ce que Darwin décrit est une adaptation constante aux conditions environnementales et son évolution vers plus de diversité. Mais aujourd’hui, on meurt beaucoup sur cette planète. Le taux d’extinction actuel, sur le dernier siècle, est de 8 à 100 fois supérieur à la normale. On se serait attendu à une dizaine d’extinctions, et on en observe des centaines. La biodiversité est un principe fondamental et efficient qui constitue la réserve de nouveauté qui a permis, permet et permettra l’adaptation et l’évolution. La biodiversité est une propriété intrinsèque du vivant, celle qui assure sa solidité et sa perpétuation.Comme l’affirme le biologiste Olivier Hamant,  le vivant n’est pas performant, il est robuste. Le vivant fait avec ce qu’il a, alors bien sûr, il a l’air un peu bricolé, mais cette richesse de désordre lui permet de surmonter toutes les situations. Enfin presque toutes, à un moment de réduction de la biodiversité, le biote mondial basculera, comme un château de cartes.

Découverte de José Braga : Croissance lente du bébé=obligation de coopération

Puis nous verrons comment les recherches récentes d’un paléoanthropologue français, José Braga, mettent en lumière l’obligation de coopération étroite de nos ancêtres. Il y a plus de deux millions d’années, pour assurer la survie de leur espèce, ils devaient prendre en charge des enfants à croissance, déjà, très lente.

La découverte du lien de paternité limite notre empathie

La découverte du lien de paternité a entraîné une révolution de nos schémas mentaux. Nous verrons qu’à travers leur article de synthèse, Steven W. Gangestad et Randy Thornhill de l’Université d’Albuquerque, affirment qu’il existe un œstrus chez la femelle humaine dans sa période péri-ovulatoire. Auparavant elle demeurait discrète sur ce sujet, ce qui permettait une sélection sexuelle sans inconvénient. Depuis la découverte du lien de paternité, notre empathie est réservée aux personnes qui ne sont pas des concurrents potentiels, les autres pouvant susciter de la méfiance, voire des sentiments bien plus négatifs. Par contagion émotionnelle, nombre d’entre nous peuvent  devenir des psychopathes.  

Frans de Waal: du chimpanzé au bonobo

Dans un de ses livres « Le Singe En Nous », le primatologue Frans de Waal, examine les ressemblances fascinantes et inquiétantes qui existent entre le comportement des primates et le nôtre. Il compare les comportements des chimpanzés et des bonobos : L’un résout les questions de sexe par le pouvoir, l’autre les questions de pouvoir par le sexe. Homo-sapiens est passé d’un comportement à l’autre lors de la découverte du lien de paternité. Nous explorerons également l’utilité et les particularités du comportement amoureux.

Une coopération et un sens de la justice qui viennent de loin!

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Origine de l’inégalité et rivalité par Jean Jacques Rousseau

Jean Jacques Rousseau, dans « Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes »pensait que nous avons vécu dans un état de nature ou nous vivions sans distance avec nous-même mais que le développement de la passion amoureuse qui n’est pas fixé, dont le mécanisme producteur est une préférence qui peut produire de la jalousie, de la rivalité, de l’hostilité mais aussi le raffinement, le respect, le désir de possession, lui-même désir de pouvoir, de paraître, de domination, lui-même désir de se faire valoir, tout ceci est à l’origine des inégalités, de la propriété et des émotions négatives.

L’emprise des technologies du marketing et du numérique

Yann Dall’Aglio: Concurrence narcissique au sein du couple

Le philosophe Yann Dall’Aglio écrit dans « JT’M, L’amour est-il has been? » que chaque couple, loin d’être une petite cellule communiste qui se protège contre les affres de la concurrence, vit à l’air libre de la concurrence narcissique. Rien n’échappe à la pression comparative. Il décrit les conséquences délétères de la compétition sur nos relations intimes.

Anthony Galluzzo: Du citoyen au consommateur sans conscience

Puis « La fabrique du consommateur » d’Anthony Galluzzo, maître de conférences à l’université de Saint-Étienne montre comment l’univers marchand a envahi progressivement nos imaginaires, au point d’en devenir presque totalement invisible. Nous sommes conscients d’un certain nombre de conséquences sur nos vies mais la description de l’ensemble du processus et de ses conséquences est assez effrayant, notamment la transformation du citoyen en consommateur sans conscience. Nous comprenons mieux « La fatigue d’être soi » décrite par Alain Ehrenberg.

Algorithmisation de nos vies

Sur l’ampleur de nos conditionnements, un documentaire « Derrière nos écrans de fumée » alerte sur les dangers de ‘l’algorithmisation’ de nos vies, à travers les réseaux sociaux. Le seul objectif de ces entreprises, devenues géantes, est le profit. Les ex-cadres de ces entreprises géantes affirment qu’il est nécessaire de changer de « business model » et que le seul profit conduit à une déshumanisation et à une destruction des relations. Pourtant, le profit est la seule boussole d’un capitalisme naturellement amoral.

Numérisation et santé mentale par Gérald Bronner

Dans ‘ Apocalypse cognitive’ le sociologue Gérald Bronner affirme que l’image que renvoie le système numérique dit quelque chose de fondamental sur nous. L’agrégation de nos requêtes est un formidable révélateur de nos obsessions et de ce que nous cachons publiquement. Au vu du nombre de clics sur le sujet, le sexe en fait indéniablement partie.

Il y décrit les mécanismes de nos interactions avec ce nouvel outil ainsi que les conséquences et les risques induits pour notre santé mentale et celle de notre civilisation.

Un pas de côté sur notre nature

Jacques Dupuis : De la société matrilinéaire au patriarcat

L’historien, Jacques Dupuis, dans son livre « Au nom du Père » affirmait que la culture matrilinéaire est héritée d’une époque antérieure au néolithique où l’homme primitif ignorait tout principe de procréation : obéissant seulement à son instinct, il procréait sans le savoir. Pour lui, la conscience de la paternité génétique est un événement capital de l’histoire humaine. Dans ces sociétés matrilinéaires, les partenaires sexuels de la femme n’avaient aucuns droits sexuels d’accès exclusifs avant le basculement dans la société patrilinéaire.

Helena Norberg-Hodge : Dégâts de l’occidentalisation

Un long article de la philosophe, sociologue et enseignante Helena Norberg-Hodge qui a été la première occidentale à élire domicile dans la province himalayenne du Ladakh, au Cachemire décrivait, sur une période de trente années, les dégâts de l’occidentalisation des esprits sur les identités et les relations, devenues agressives. Pour elle, l’ancienne culture répondait à des besoins humains fondamentaux tout en respectant les limites naturelles. Pour le plus grand bien de la nature et des gens.

François Roustang: Impasse de l’individualisme

François Roustang, insiste, dans un de ses nombreux ouvrages, sur le fait que l’individualisme occidental est une impasse. La force de notre identité relève, en effet, de la force de notre insertion dans le réseau relationnel qui nous constitue tout au long de notre vie et, non, de notre capacité à nous autonomiser du rapport aux autres. Il affirme que contrairement à la théorie Freudienne, qui pense le psychisme individuel comme un objet fermé sur lui-même, l’individualité n’existe plus au niveau inconscient. L’inconscient est à la fois ce qui caractérise notre individualité et ce qui nous permet de communiquer avec les autres et avec le monde.

Philippe Descola: Animaux et nature: des partenaires sociaux

L’anthropologue français Philippe Descola, qui a étudié les mœurs d’un peuple d’Amérique du Sud, les Achuars, écrivait, dans son livre « La composition des mondes » qu’il s’était rendu compte qu’ils se comportaient avec les plantes et les animaux comme avec des partenaires sociaux : les plantes étaient traitées comme des parents consanguins, les animaux chassés étaient traités comme des parents par alliance, chacun étant sensé se conformer au système d’obligations que ces relations impliquent. Ces Achuars évitent des massacres inutiles car les esprits maîtres du gibier sont toujours prompts à punir les excès en envoyant des maladies ou en provoquant des accidents. Le temps qu’il consacre à la production de subsistance est très faible car ils ne sont pas prêts à renoncer aux mille choses qu’ils font quand ils ne travaillent pas.

Vision du monde et altruisme par Jacques Lecomte

Dans son livre « La bonté humaine », Jacques Lecomte révèle que la violence et l’égoïsme existent, mais ils ne correspondent pas aux aspirations profondes de l’être humain et que les satisfactions qu’ils peuvent éventuellement procurer ne sont que de fragiles faux semblants. La seule différence entre altruistes et non-altruistes réside dans le fait que les premiers ont une vision du monde où nous sommes tous reliés les uns aux autres par une humanité partagée. Ces valeurs permettent de mettre en œuvre une civilisation cohésive et équilibrée, sans mépris déshumanisant.

Une société basée sur des valeurs de l’affirmation de soi, de compétitivité et de concurrence désagrège les liens humains et finit par désarticuler notre communauté. Lempathie sélective devient dangereuse car elle creuse inégalités et injustices, jusqu’à les rendre intolérables et entraîner la violence.

Psychologie et neuroscience pour comprendre et changer

Besoin de cohérence de notre cerveau et recherche de sens par Pierre Cousineau et Sophie Côté

Dans « La reconsolidation thérapeutique de la mémoire. Transformer les schémas émotionnels avec la thérapie de la cohérence », Sophie Côté et Pierre Cousineau, expliquent que la progression des neurosciences au cours des dernières décennies a permis de faire un pont entre ce que les psychologues cliniciens observent dans leurs pratiques quotidiennes et ce que les scientifiques découvrent sur le fonctionnement neuropsychologique et somatique. Depuis plusieurs années les psychologues pensent que le la clé réside dans la compréhension du fonctionnement de la mémoire et des façons d’intervenir sur elle, car la fonction mémoire remonte aux origines de la vie.

Changer nos schémas mentaux: comprendre le passé et préserver l’avenir

Ils expliquent également dans « Pratiquer la thérapie des schémas », comment notre cerveau fabrique des schémas mentaux afin de pouvoir s’adapter au mieux à des environnements nouveaux en se servant de notre expérience. Ils décrivent également les inconvénients et le mal-être pouvant être provoqué par ce processus. Les thérapies qu’ils décrivent devant modifier ces schémas grâce à l’actualisation de nos ressources.

La compréhension du processus lié à la découverte du lien de paternité doit nous permettre d’identifier la source de notre agressivité, de modifier nos schémas mentaux en conséquence et d’agir en conscience avec ces nouvelles ressources. Le fait de comprendre notre passé, la source, donc, de notre comportement aberrant et de le réinterpréter doit, aujourd’hui, permettre le changement nécessaire à la préservation de notre environnement. 

Bug dans notre cerveau: risque pour l’espèce par Sébastien Bohler

Dans « Le Bug Humain » le neuroscientifique Sébastien Bohler,explique que nous devons débusquer les profonds défauts de fabrication de notre propre pensée si nous voulons avoir une chance de ne pas faire partie bientôt de la liste des espèces disparues. Pour lui, le cerveau humain est programmé pour quelques objectifs essentiels, basiques liés à la survie à très brève échéance: manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’effort et glaner un maximum d’informations sur son environnement. Il y explique les dysfonctionnements engendrés par ces fonctions et les risques qui y sont attachés. Les neuroscientifiques ont découvert que le pouvoir renforce littéralement le striatum, la partie du cerveau sensible au plaisir sexuel. L‘avidité pour le prestige, les situations sociales conférant des privilèges sont une mécanique obstinée qui menace aujourd’hui de nous asphyxier, non seulement en polluant les rapports entre les sexes, mais aussi en créant des dégâts profonds sur nos modes de vie et sur notre environnement.

Recherche de sens et sauvegarde du climat par Sébastien Bohler

Dans « Où est le sens« , il montre qu’une autre partie du cerveau, un peu moins archaïque, mais tout de même infra-corticale, le cortex cingulaire antérieur, est à l’origine de notre recherche de sens, car elle était chargée de repérer les régularités et les anomalies de notre environnement, compétence indispensable, elle aussi, à la survie. La mémoire sert, avant tout, à prédire l’avenir à partir d’indices du présent, ce qui sert à contrôler, anticiper nos réactions et nos actions. Si le présent est conforme aux prédictions, le cortex cingulaire reste inactif, dans le cas contraire, il émet un signal d’erreur. Au cours de notre évolution, ce système s’est doté d’une capacité à intégrer des systèmes de signification plus large pouvant aller jusqu’à la perception d’un sens dans l’existence et dans l’univers tout entier.

Recherche chauffeur pour conduire l’humanité par Sébastien Bohler

Sébastien Bohler, a aussi écrit « Human Psycho« . « Comment l’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète » qui éclaire ces sujets, toujours à la lumière des découvertes scientifiques récentes, notamment en matière de neurosciences. À l’époque où il écrit le livre, en France, 82% des personnes souhaitaient des mesures rapides, quitte à modifier en profondeur leur mode de vie de façon globale, 64% des gens dans le monde considéraient la lutte contre le réchauffement climatique comme une urgence absolue. En voulant le meilleur, ces gens se rendaient bien compte que leurs efforts demeuraient vains, cela les décourageait, ils éprouvaient un sentiment d’impuissance.Actuellement, l’humanité, au sens collectif, est un psychopathe suicidaire. Il dépasse les limites qui ne doivent pourtant ne plus être dépassées au risque de cuire les calottes glaciaires et d’entraîner tous les êtres vivants dans les pires souffrances. Pour Sébastien Bohler, il nous faut une instance internationale démocratique qui prend des décisions et qui à les moyens de ses prérogatives.

Un cerveau pour la survie par Antonio Damasio

Le neuroscientifique Antonio Damasio affirme que nos comportements peuvent évoluer très rapidement car le principal rôle de notre cerveau n’est pas de faire des maths ou de la philo mais d’évaluer et d’anticiper en permanence les évolutions de notre environnement, d’y adapter nos comportements pour préserver l’équilibre biologique de notre corps.

Société désorganisée par le marché

Ne laissons pas le marché choisir pour nous: il est irrationnel par Jacques Ellul!

Jacques Ellul assurait, que le solutionnisme technique, c’est-à-dire le fait que de toutes les façons, nous trouverons toujours des solutions techniques aux problèmes que nous rencontrons est très dangereux car il s’agit d’une fuite en avant qui retarde la prise de décision politique nécessaire à lutter contre le réchauffement. L’homme croit se servir de la technique alors que c’est lui qui la sert. Il est prisonnier de la loi de Gabor : tout ce qui est techniquement possible doit être fait, indépendamment de toute autre considération.

La technique sans volonté de puissance par Gilbert Simondon

Il faut cependant être attentif à ne pas rejeter la science et la technique car comme l’écrivait le philosophe Gilbert Simondon, la technique est le meilleur moyen de lutter contre l’entropie, à savoir ici le désordre généré par notre système productif, en le rendant plus efficace, à la condition de se départir de l’idée de puissance, donc de compétition car c’est elle qui engendre le besoin d’être plus puissant que le concurrent, et nous savons maintenant les effets délétères de cette compétition qui amène de la peur, les sentiments d’irrespect, de colère et engendre un besoin de protection pouvant déboucher sur le fascisme.

Le mécanisme du changement climatique est dangereux et fatal

Dans Moins ! La décroissance est une philosophie, Kohei Saito affirme que  nous, les humains sommes en train d’altérer irrévocablement l’état de la planète.Si nous ne changeons pas nos modes de vie, à l’échelle mondiale, des centaines de millions de personnes seront contraintes de quitter leur lieu de vie, l’approvisionnement en nourriture pour les besoins humains, deviendra impossible et les pertes économiques pourront atteindre 27000 milliards de dollars par an. Ces dommages seront permanents. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone augmentent chaque année d’environ 2,6%. La perspective d’atteindre l’objectif d’un non dépassement de 2° n’a donc aucune réalité. Le mécanisme du changement climatique est dangereux et fatal, et c’est la raison pour laquelle la réduction des gaz à effet de serre ne peut se produire que dans un fort cadre réglementaire, extérieur au mécanisme du marché.

Le capitalisme du désastre

La consommation massive de combustible fossiles est à l’origine des changements climatiques, il existe, néanmoins, un décalage temporel sur plusieurs décennies avant la production de leurs effets. Le capital tente d’utiliser ce décalage pour générer autant de revenus que possible, en reportant les impacts sur l’avenir : il prend en compte les exigences des actionnaires et des gestionnaires actuels mais ignorent les voix des générations futures.

Pour réduire les coûts, et augmenter ou conserver les profits, le capitalisme tente d’augmenter la productivité du travail, mais il faut alors moins de personnes pour produire la même quantité de biens : il y a donc augmentation du chômage. Cette pression pour protéger les emplois pousse à une augmentation constante de la taille de l’économie. Le capitalisme ne peut pas sortir de ce piège de la productivité. De plus, sans l’exploitation de la main d’œuvre de ce lointain « Sud Global » et le pillage de ses ressources naturelles, notre style de vie serait impossible car, dans la logique du système capitaliste, plus il y a de sacrifices, plus les bénéfices des grandes entreprises augmentent. Même si la richesse nationale augmente, la vie du peuple se dégrade, contrairement à ce qu’écrit Adam Smith. C’est une augmentation de la richesse publique qui génère la richesse réelle.  Le « capitalisme du désastre » transformera la crise environnementale en opportunité commerciale, apportant aux classes privilégiées encore plus de richesse. L’État tentera de protéger les intérêts de ces classes privilégiées et réprimera sévèrement les populations.

Corriger le déséquilibre entre les 1% et les 99%

Nous devons donc corriger le déséquilibre entre les 1% et les 99%. Sans ces pénuries et raretés artificielles, nos sociétés n’auraient pas besoin d’autant de temps de travail pour fonctionner. La vie de millions de gens serait considérablement améliorée et, par la réduction de ce travail inutile, nous contribuerions à la restauration de l’environnement mondial. La technologie est devenue,elle-même, une idéologie qui dissimule l’absurdité du système actuel. Elle élimine la possibilité même de faire naître des styles de vie différents, de créer une société décarbonée. Une crise devrait normalement nous permettre de réfléchir à nos actions passées et d’imaginer des futurs différents : ici nous sommes dépouillés de notre imagination,de notre créativité, par la technologie monopolisée par des experts Il faut arrêter d’associer l’abondance à la croissance économique et réfléchir avec le plus grand sérieux à celle de la décroissance et l’abondance.

La voie des communs

Pour Kohei Saito, entre communisme de type soviétique et capitalisme, il existe une 3e voie : celle des communs. Elle propose une gestion démocratique, par les usagers des choses que l’on peut qualifier de « biens publics » tels que l’eau, l’électricité, le logement, les soins ou l’éducation. Pour notre propre survie, il faut nous orienter vers une société plus juste et plus durable : c’est cela qui en fin de compte augmentera les chances de survie de toute l’humanité. La clé de notre survie est donc l’égalité et Kohei Saito propose de nous diriger vers un post-capitalisme de décroissance.

Nous devons rompre avec des valeurs du capitalisme américain qui considère que nos styles de vie, extrêmement lourds pour l’environnement, sont l’expression de nos libertés. La marchandise nous promet un idéal qui échoue à se réaliser, mais cet échec est inhérent à la société consumériste et c’est cet échec qui nous fait courir sans cesse derrière la consommation. La sensation d’insatisfaction qui naît de cette rareté est le moteur du capitalisme et jamais elle ne pourra nous rendre heureux. Pour y échapper il nous faut donc créer une société d’abondance qui résiste à la rareté artificielle créée par le capitalisme. Le moyen de restaurer l’abondance c’est de reconstruire les communs. Les moyens de production doivent aussi être traités comme des communs. Ce qui rend cela possible, ce n’est pas la propriété privée des décideurs ou des actionnaires, ce n’est pas non plus les entreprises d’État, c’est la propriété sociale par les travailleurs eux mêmes, notamment à travers les coopératives de travailleurs qui visent la transformation des rapports de production en apportant la démocratie dans le lieu de travail.

Pour Joseph Stiglitz, l’état doit intervenir pour éviter une concentration excessive du pouvoir

Joseph Stiglitz, invité des matins de France Culture, met en lumière la tension entre la « liberté des loups« , autrement dit les actionnaires, et les effets collatéraux qu’elle peut avoir sur d’autres personnes. Il suggère qu’il est essentiel de trouver un équilibre entre les libertés individuelles et les responsabilités collectives. À cet égard, la montée des monopoles, notamment dans le domaine des réseaux sociaux et des géants de la tech comme Elon Musk et Jeff Bezos, soulève de sérieuses préoccupations. Ces grandes entreprises concentrent un pouvoir énorme et peuvent influencer les comportements et croyances des individus, notamment par le contrôle de l’information, soutient l’économiste. Il considère ce phénomène comme une forme de « propagande privatisée« , plus dangereuse que les monopoles industriels du passé, car elle touche à la liberté d’opinion et à la manipulation des masses. L’État, selon lui, doit intervenir pour réguler ces géants et éviter une concentration excessive de pouvoir.

Les « erreurs » de Friedrich Hayek

Joseph Stiglitz critique l’argumentation du néolibéralisme, notamment les idées de Friedrich Hayek, qui postulait que le capitalisme ne devait pas générer de monopoles, mais qu’au contraire, la concurrence serait bénéfique pour la société. Selon lui, l’expérience montre que cette théorie est erronée : loin de garantir la liberté et l’enrichissement de tous, elle mène à des situations où les grandes entreprises prennent le contrôle de l’économie et de la société. Il fait remarquer que les promesses dun capitalisme libéré des régulations, à la manière de Hayek, ont échoué, et que l’intervention de l’État est désormais nécessaire pour limiter les dégâts des monopoles et restaurer l’équilibre économique et social.

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Compétition capitaliste: Baise ton prochain par Dany-Robert Dufour

Le philosophe Dany-Robert Dufour,dans « Baise ton prochain », décrit la compétition capitaliste comme une guerre généralisée de chacun contre chacun depuis que les pulsions ne sont plus freinées par une instance régulatrice, les vices, comme l’avidité, ruinent les liens humains. Le seul vrai objectif du marché est l’accumulation du capital et toute intention morale est, dans ce cadre, vouée à l’échec de ce fait. Duper ou périr, « baiser son prochain » comme l’affirme Dany-Robert Dufour est le moteur du capitalisme, si je ne dupe pas mon prochain, c’est moi qui vais l’être.

Capital: Mini service: grands effets par Pierre-Yves Gomez

Pour Pierre Yves Gomez, dans « Le travail invisible« , le capital n’est qu’un maigre service, à savoir une simple avance d’argent, le temps que les produits ou services se vendent. Le travail et sa créativité constituant la seule vraie richesse des nations. Depuis la financiarisation des entreprises, du fait de la mise en œuvre des fonds de pensions, ces entreprises sont condamnées à grossir ou périr, en rachetant ou éliminant les voisins, en intensifiant le travail sans limites, en innovant sans cesse, sans préoccupation des effets de ces inventions sur la société. Actuellement, les porteurs d’actions dirigent le monde avec un seul objectif, faire de l’argent, sans préoccupation du bien commun: « les affaires sont les affaires. » En France, par exemple, plus de 95% des actions sont détenues par moins de 5% de la population. Cette poignée d’actionnaires, par leur puissance financière et d’influence, pèse tant sur les choix économiques, politiques et sociaux, que de plus en plus de citoyens sont tentés par des systèmes autoritaires. Ce profond déséquilibre entre services rendus et bénéfices engrangés s’apparente à un parasitisme intolérable au moment où nous avons tant besoin de ressources pour éviter le basculement climatique et nous adapter au réchauffement. Cet actionnariat est devenu obsolète et mortifère.Là aussi, la coopération doit remplacer la compétition.

Capitalisme: à moi le profit, aux autres les risques.

Dans son livre « L’état entrepreneur, » l’économiste Marianna Mazzucato focalise notre attention sur le fait que les innovations de rupture de ces dernières décennies sont le fait des états. Ces « vraies innovations » sont obtenues par l’intermédiaire des organisations qui travaillent directement  dans le domaine de la recherche et des effets de leviers de nombreuses autres organisations financées directement ou indirectement par les états. Il s’agit d’un capital patient, capable d’organiser des recherches longues et dont l’aboutissement est incertain contrairement aux « capital-risqueurs » qui exigent un retour sur investissement rapide et sans grand risque. Notre téléphone ne serait pas smart sans l’état américain. L’état chinois est particulièrement actif sur l’industrie solaire et automobile, et sur bien d’autres technologies. L’Europe est décrochée de la course à l’innovation du fait de sa croyance naïve en l’efficacité du marché. La légitimité des capitalistes provient de la rémunération du risque. Nous nous apercevons, à travers ce livre documenté que nous sommes, nous citoyens, à travers nos impôts,  les vrais capital-risqueurs efficaces tandis que les capitalistes absorbent goulument les profits les moins risqués. De plus, la concentration de capital dans quelques mains oligarchiques déstabilise la démocratie. Ces travaux mettent en lumière le parasitisme inefficace et déstabilisateur des capitalistes. Un état entrepreneur et des entreprises mutualistes ou coopératives constitueraient donc un écosystème plus efficace et plus robuste pour affronter les soubresauts prévisibles qui seront les conséquences du dérèglement climatique.

Avidité sans limites: risque pour le climat par Hervé Kempf

Dans « Comment les riches détruisent la planète » Hervé Kempf, ex rédacteur en chef de la revue « Reporterre », déclare qu’on ne peut comprendre la concomitance des crises écologiques et sociales si on ne les analyse pas comme les deux facettes d’un même désastre. Celui-ci découle d’un système piloté par une couche dominante qui n’a plus aujourd’hui d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie. Cette oligarchie prédatrice est l’agent principal de la crise globale. « Consommer moins et répartir mieux » serait le mot d’ordre afin d’éviter la croissance matérielle qui accroît la dégradation environnementale. Hervé Kempf rappelle que, depuis 1990, les climatologues craignent que le climat ne bascule de plusieurs degrés et s’emballe de façon irréversible.

La croissance pour accepter les inégalités par Hervé Kempf

Hervé Kempf s’étonne que personne parmi les économistes patentés, les responsables politiques, les médias dominants, ne critique la croissance qui est devenue le grand tabou, l’angle mort de la pensée contemporaine. Pourquoi ? Parce que la poursuite de la croissance matérielle est pour l’oligarchie le seul moyen de faire accepter aux sociétés les inégalités extrêmes sans remettre en cause celles-ci. La croissance crée en effet un surplus de richesses apparentes qui permet de lubrifier le système sans en modifier la structure.

Démonter la pyramide par le haut pour éviter l’effondrement:

Les plus riches: principal levier de changement par Thorstein Veblen:

L’économiste Thorstein Veblen a écrit, « Théorie de la classe de loisir« , publié en 1899. Il y affirme que l’économie est dominée par un principe « la tendance à rivaliser et à se comparer à autrui pour le rabaisser-est d’origine immémoriale : c’est un des traits les plus indélébiles de la nature humaine. »

Adam Smith, dans sa « théorie des sentiments moraux », relevait que « l’amour de la distinction, si naturel à l’homme(…), suscite et entretient le mouvement perpétuel de l’industrie du genre humain ».

La possession de la richesse est restée le moyen de la différentiation, son objet essentiel n’étant pas de répondre à un besoin matériel, mais d’assurer « une distinction provocante », autrement dit d’exhiber les signes d’un statut supérieur. Certes, une partie de la production des biens répond aux « fins utiles » et satisfait des besoins concrets de l’existence. Mais le niveau de production nécessaire à ces fins utiles est assez aisément atteint. Et, à partir de ce niveau, le surcroît de production est suscité par le désir d’étaler ses richesses afin de se distinguer d’autrui. Cela nourrit une consommation ostentatoire et un gaspillage généralisé.

Consommation ostentatoire: tout le monde imite les plus riches

Le principe de consommation ostentatoire régit la société. Celle-ci s’est diversifiée en de nombreuses couches dont chacune se comporte selon le même principe de distinction, c’est-à-dire en cherchant à imiter la couche supérieure. C’est à la classe la plus haut placée tant par le rang que par l’argent-celle qui possède et richesse et loisir, que revient de déterminer, quel mode de vie la société doit tenir pour recevable ou générateur de considération. La classe de loisir, poursuit l’économiste, « se tient au faîte de la structure sociale : les valeurs se mesurent à sa toise, et son train de vie fixe la norme d’honorabilité pour la société toute entière. Le respect de ces valeurs, l’observance de cette norme s’imposent plus ou moins à toutes les classes inférieures. Il s’agit donc de s’adresser à cette classe supérieure pour déconstruire la pyramide de l’ostentation destructrice par le haut afin d’éviter que tout la structure ne s’écroule.

Trop riche! inutile et dangereux

Pourtant, au-dessus d’un certain niveau de revenu, il y a dé-corrélation entre le niveau de bien-être et le niveau de revenu, le premier arrêtant de progresser même si le second poursuit son ascension, les économistes appellent cet effet le paradoxe d’Easterlin. Cet effet contredit la théorie du ruissellement d’Adam Smith.

L’ONG OXFAM affirme que les 1 % les plus riches (77 millions de personnes) seraient responsables de 16 % des émissions mondiales de CO2 en 2019, soit l’équivalent de l’empreinte carbone des deux tiers de l’humanité (5 milliards de personnes).

Ces émissions disproportionnées ne sont pas sans conséquence sur le réchauffement climatique et sur la mortalité des populations, notamment les plus vulnérables. Le mode de vie des ultras-riches, très « gourmand en carbone », serait ainsi, à très court terme (entre 2020 et 2030), à l’origine de 1,3 million de décès supplémentaires dans le monde en raison des fortes chaleurs.

 Rivalité ostentatoire

Le ressort central de la vie sociale, dit Veblen, est la rivalité ostentatoire qui vise à exhiber une prospérité supérieure à celle de ses pairs. La différentiation de la société en de nombreuses couches excite la rivalité générale. Cette notion rejoint la rivalité mimétique de René Girard.

Hypertélie: que sont mes limites devenues par Patrick Tort ?

Dans « L’intelligence des limites. Essai sur le concept d’hypertélie » Patrick Tort, évoque le concept d’hypertélie comme découlant du comportement préparant à l’union sexuelle et reproductrice, susceptible de produire des effets contre-sélectifs par la mise en danger, notamment la surexposition des mâles à la prédation.

Il le définit comme le dépassement, par croissance exceptionnelle d’un organe ou d’un caractère, des limites à l’intérieur desquelles cet organe ou ce caractère peut-être dit adapté à sa fonction. Toute hypertélie engendre une dystélie, c’est-à-dire un dérèglement de la fonctionnalité première de l’organe qu’elle affecte, cette désadaptation de l’organe entraînant, par corrélation une désadaptation globale de l’organisme. Toute hypertélie concerne la composante relationnelle : capture, défense, intimidation, emprise, camouflage, ruse, tromperie, séduction. Ces modalités de l’action sur autrui convoquent invariablement un usage inflationnel des signes.

Cette hypertélie permet au mâle d’augmenter sa vie dans la procréation, au risque évidemment de la perdre. Elle fragilise l’individu concerné par rapport aux conditions ordinaires de sa survie mais cette négativité est surcompensée par la performance reproductive au niveau de la population ou de l’espèce.

Sélection des instincts sociaux pour la survie de notre espèce:

Patrick Tort rappelle que, pour Darwin, la sélection naturelle est à l’origine du développement exceptionnel des instincts sociaux au sein des groupes humains. Le développement du sens moral a permis de sélectionner des conduites solidaires utiles à la survie des groupes et donc, du fait des interactions, de contribuer à la croissance de l’intelligence.

Pour Patrick Tort, ce n’est pas l’Homme qui a détruit les équilibres planétaires au sein desquels s’inscrivait depuis les premiers âges son activité économique, mais bien l’ensemble des classes dominantes autour d’un modèle de croissance qui a édicté les règles de la productivité, du commerce, de la finance et qui a établi des normes de consommation démesurées qui nous conduisent au désastre climatique. Il rappelle que le Club de Rome avait commandé, en 1972, un rapport, nommé MEADOWS, au Massachussetts Institute of Technology, qui caractérisait les multiples aspects autodestructeurs de l’emballement économique et qui prévoyait avec l’aide de modèles mathématiques, la situation de dépassement des limites environnementales qui conduit au désastre écologique que nous constatons.

Revoir les bases du Darwinnisme.

Effondrement de la biodiversité masculine au Néolithique.

Léa Guyon et Raphaelle Chaix, du muséum d’histoire naturelle, affirment dans un article publié dans The Conversation, qu’il y a entre 3 000 et 5 000 ans, la diversité génétique du chromosome Y, transmis de père en fils et responsable des caractéristiques sexuelles mâles, s’effondre dans le monde entier, alors que la diversité génétique maternelle n’est pas affectée. Dans une étude qu’elles ont publiée dans Nature Communications, en collaboration avec Évelyne Heyer, Jérémy Guez et Bruno Toupance, elles  montrent que cette chute pourrait être le résultat d’une transition dans l’organisation sociale des sociétés anciennes. À cette période, les femmes viennent désormais vivre chez leur mari, et leurs enfants sont systématiquement affiliés au lignage et clan de leur père.

Les chercheuses émettent l’hypothèse qu’une transition vers des systèmes patrilinéaires soit à l’origine de l’effondrement de la diversité du chromosome Y. Différents lignages ont des statuts sociaux différents, et plus un lignage est riche et puissant, plus ses descendants sont nombreux : ces différences engendrent l’expansion de certains lignages puissants, et des chromosomes Y qui leur sont associés, au détriment d’autres. Ainsi certains chromosomes Y augmentent en fréquence et d’autres disparaissent par le jeu de la compétition sociale sans qu’aucun homme ne meure de combat ou d’épidémie.

Cette étude remet ainsi en question une thèse proposée précédemment selon laquelle des affrontements violents dus à la compétition entre différents clans, au cours desquels beaucoup d’hommes mourraient, étaient à l’origine de la perte de diversité génétique du chromosome Y. En effet, la comparaison entre des scénarios guerriers et non guerriers a mis en évidence que la guerre n’est ni nécessaire ni suffisante pour expliquer cette chute de diversité du chromosome Y : l’organisation patrilinéaire est un facteur d’érosion de la diversité du chromosome Y quatre fois plus efficace que la guerre !

Petite note personnelle: pour que l’organisation patrilinéaire se mette en place, il fallait la connaissance du lien de paternité. Les premiers sites mégalithiques de Göbekli et de Karahan Tepe symbolisent, particulièrement ce dernier avec sa salle des Phallus érigés, ces évolutions, ainsi que les résistances qu’elles ont suscitées car ces monuments ont été soigneusement recouverts, par la suite.

Arracher les fruits des innovations des mains de l’élite

Dans « Pouvoir et Progrès, Technologie et prospérité, notre combat millénaire. » Daron Acemoglu et Simon Johnson, Prix du livre technologique de l’année du Financial Times et  prix 2024 en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, affirment que dans l’histoire, depuis le néolithique, les progrès technologiques ont toujours profité à l’élite et souvent détérioré les conditions de vie quotidienne du peuple. Les auteurs critiquent le techno-optimisme et la théorie du ruissellement, affirmant que le progrès technique est souvent confisqué par des élites qui maintiennent leur pouvoir. Pourtant, lorsque les dominants se sont affaiblis ou que le peuple s’est organisé, il a existé de longs moments de prospérité partagée. Il existe, en effet, des moyens de freiner l’égoïsme et les visions démesurées, mais il ne faut surtout pas s’attendre à ce que ce type de comportement, responsable, émerge des personnes qui détiennent un grand pouvoir. Il faut encore moins compter sur la responsabilité sociale de ceux qui ont des visions et des rêves puissants, pour façonner l’avenir . L’avenir doit être façonné en créant des contrepoids et qu’un ensemble diversifié de voix, d’intérêts et de perspectives s’opposent à la vision dominante. Il s’agit de garantir un cadre institutionnel dans lequel les citoyens ordinaires sont bien informés et politiquement actifs et dans lequel les normes et la pression sociale apportent des perspectives et des opinions diverses contraignant les monopoles sur la définition de l’ordre du jour. Ceci est d’autant plus important que l’Intelligence artificielle affaiblit les démocraties et renforce les dictatures par la concentration du pouvoir de surveillance extraordinaire qu’elle introduit, y compris au sein des entreprises.

Panne des Lumières par Corine Pelluchon

Les lumières à l’âge du vivant’ de Corine Pelluchon affirme que les lumières sont inséparables de l’idéal d’un état fondé sur la liberté et l’égalité des citoyens. Actuellement, le sentiment d’impuissance et les frustrations des individus appartenant aux couches sociales défavorisées se sont transformés en désir de soumission et en mépris des plus faibles, comme on le vit, dans les années 1930, avec la montée de l’autoritarisme.

Elle est où la raison, elle est où ?

La raison est devenue folle car la réalité tout entière est soumise au diktat de la rentabilité et la raison devient un simple outil de mesure. La raison a perdu toute objectivité. Chaque chose, chaque être est identifié, mesuré, quantifié, objectivé et manipulé. La raison a été pervertie car elle a perdu tout ancrage dans le monde objectif, toute dimension universalisante, est devenu formelle, abstraite et déshumanisante. L’économisme, qui désigne la soumission de toutes les activités au diktat du profit, caractérise le capitalisme contemporain et est un aboutissement de la rationalité instrumentale. Elle évoque la trahison des Lumières, de leur idéal d’émancipation individuelle et sociale, dans le contexte de la mondialisation et la transformation de leur projet de maîtrise de la nature en une exploitation sans limites des vivants qui est écologiquement insoutenable, socialement injuste et politiquement dangereuse.

Ni liberté, ni égalité sans fraternité

Les lumières n’ont pas pu tenir leur promesse, parce que l’alliance de la liberté, de l’égalité, de la justice et de la paix s’enracine dans la fraternité qui suppose que l’on se sente relié aux autres et responsable d’eux. En opposant la raison à la nature, en faisant reposer le contrat social sur une philosophie de la liberté où chacun se définit contre les autres, on ne peut constituer une véritable communauté politique ni empêcher le retournement du libéralisme en son contraire.

Liberté et responsabilité: limiter mon pouvoir

La responsabilité, mais aussi l’auto-limitation, la manière dont je fais de la place aux autres au sein de mon existence et me soucie de ce que ma place au soleil ne soit pas usurpation de la place d’autrui, change, de l’intérieur, la liberté. La responsabilité est une altérité en soit car elle implique de reconnaître que l’autre échappe à mon pouvoir, qu’elle souligne la limite de mon pouvoir et les limites que je dois assigner à mon bon droit.

De la compétitivité mortifère à la coopération: Du capitalisme au mutualisme.

L’humain ne peut plus croire que tout est déjà écrit, la possibilité lui est offerte de prendre en main son destin. L’évolutionnisme de Darwin prolonge l’héritage des lumières. Il ne faut donc pas s’étonner de l’hostilité qu’il a suscité et qu’il suscite encore. La plupart des élites dirigeantes du monde entendent soumettre les citoyens et la démocratie au capitalisme qui apparaît comme la seule organisation sociale et économique possible. Pourtant une telle manière de gouverner et d’administrer des biens publics repose sur une conception déterministe de l’histoire qui passe pour l’expression suprême du réalisme politique, alors qu’elle relève d’une croyance aveugle et que ces politiques publiques sont désastreuses écologiquement, socialement et politiquement. Elles ne peuvent qu’aggraver le dérèglement climatique et provoquer des conflits dus à la raréfaction des ressources, à l’accroissement des inégalités et aux réflexes de repli sur soi qu’elle entraîne.

Remise en question urgente

Pour Corine Pelluchon, c’est le mouvement par lequel l’individu accède à une nouvelle représentation de lui-même passe par la remise en question de l’ordre social et politique existant. Enfin il s’agit de comprendre comment la remise en cause d’un modèle de développement aberrant écologiquement et socialement peut déboucher sur un engagement en faveur de la vie et du vivant qui ne dégénère pas en écofascisme.

Se libérer des rapports de force pour vivre heureux par Hélène Roubeix

« A La rencontre de soi. Se libérer des rapports de force. » est un livre d’Hélène Roubeix, psychothérapeute et fondatrice de l’École de PNL humaniste. Elle y commente l’histoire de Robinson Crusoé qui est la traduction métaphorique de la construction de l’identité et la nécessaire maturation qui conduit l’individu des relations de pouvoir à sa juste autorité. Il passe par une phase d’impuissance, puis de toute puissance et enfin Robinson découvre une nouvelle réalité qui est le reflet de sa disposition intérieure, il se montre capable de plus d’indulgence. A l’égard de lui-même, comme si la guerre cessait à l’intérieur de lui et laissait place naturellement à la vie, à la paix, au bonheur. « La vanité de toute son œuvre lui apparut, d’un coup, accablante, indiscutable… ».

Une forme de sérénité : « Je n’ai plus peur de mourir parce que ma vie à un sens, je n’ai plus besoin de remplir ma vie, elle est pleine de vie, je n’ai plus besoin de me prouver quoi que ce soit, plus besoin de performance. Je m’accepte tel que je suis. J’ai retrouvé le lien avec moi et les autres. » Le patient, en thérapie, va devoir opérer un retournement de son Moi. Il nécessite une prise de conscience du rapport de domination qui existe entre les deux parts de lui-même, qu’il découvre: la tyrannie et la violence qu’exerce son Moi sur son Soi.

Nos comportements pilotés par nos valeurs de Christine Châtaigné:

Christine Châtaigné affirme dans « Psychologie des valeurs«  que nos comportements sont sous-tendus par des valeurs que nous activons. Jusqu’à présent, les valeurs liées à l’affirmation de soi, au pouvoir et à la domination étaient prépondérantes, valeurs à l’opposé de l’universalisme, de la tolérance et de l’attention à l’autre. Ces dernières provoquent des valeurs liées à l’anxiété, de repli sur soi et de sécurité, qui peuvent conduire à des modes de gouvernements autoritaires.

Des valeurs inversées pour changer les comportements par Françoise d’Eaubonne

Françoise d’Eaubonne, dans « le grand renversement » prône un changement de valeurs vers les valeurs réputées féminines au détriment des valeurs masculines. Les valeurs du patriarcat, l’appropriation à travers le système marchand, la dominance, portée par la hiérarchie et le spectacle, l’agressivité compétitive, dont les vecteurs sont la guerre et le travail, l’illimitisme dont les symptômes sont la surexploitation compulsionnelle par la production marchande, les racismes démultipliés, les conquêtes sans fin, le stakhanovisme, la surpopulation versus les valeurs pré-patriarcales le pacifisme, l’égalitarisme, le ludique, la connaissance des bornes. Pour elle, la cogestion égalitaire constitue la mutation indispensable pour sortir des trois échecs que constituent la révolution de papa, le féminisme de maman et le capitalisme. Il est nécessaire de contester la racine partout patriarcale et pas seulement capitaliste car tout combat qui va au bout de soi-même rencontre tous les autres alors que tout combat qui s’éloigne des autres perd de vue sa propre fin. Ce grand renversement devient un impératif urgent à mettre en œuvre pour échapper au piège hypertélique qui a commencé à se refermer sur notre espèce.