Le péché originel engendre une violence délétère pour les relations humaines.

 

 

La sélection sexuelle engendre la compétition sexuelle.

 

 

Mon hypothèse, qui devra être explorée par des personnes compétentes en ces domaines, consiste à penser que la découverte du lien de paternité ( le péché originel?) a réactivé la sélection sexuelle, entraînant une comparaison et une volonté de puissance et de distinction, à travers ce que Charles Darwin a nommé compétition intra et intersexuelle. Performance, compétition, compétitivité, comparaison, innovation, évaluation, notation, hiérarchie, commandement: toutes ces notions ont remplacé: savoir, savoir-faire, coopération, entraide, complémentarité, solidarité, coordination, organisation. Les conséquences sont délétères pour les relations humaines et l’avenir de l’espèce.

 

Protégez les bébés pour José Braga:

 

Les recherches récentes d’un paléoanthropologue français, José Braga, en Afrique du Sud dans la vallée de Kromdraai, montrent que l’apparition d’Homo, qui n’était pas encore Sapiens, date de plus de deux millions d’années. Les bébés homos, contrairement à Australopithèque et Paranthrope, deux espèces qui lui étaient contemporaines et qui ont disparu avaient déjà une croissance lente. Ils nécessitaient donc un grand besoin de protection et de soins parentaux qui exige une grande coopération.

Un bébé immature à la naissance a obligé les membres de sa communauté à intensifier l’attention et les soins pour permettre sa survie. Les interactions se sont multipliées ce qui a entraîné, par une boucle de rétroaction, une nouvelle augmentation de la taille du cerveau. Les hominidés se sont habitués à s’occuper d’êtres en situation de faiblesse. Il semblerait que nous soyons, avec certains cétacés, la seule espèce où les femelles survivent au-delà de la période de reproduction. Pour assurer la survie des petits, les instincts sociaux se sont ainsi développés.

Pour le spécialise de Darwin, Patrick Tort, la faiblesse s’est révélée être un avantage car un individu esseulé avait peu de chances de survivre et donc de se perpétuer dans un environnement dangereux. Les instincts favorisant l’union face aux dangers, la coopération, l’entraide et le développement et, à force d’interactions sociales, de l’intelligence ont donc été sélectionnés au détriment des instincts liés à l’élimination des moins aptes.

Valérie Delattre, archéo-anthropologue à l’INRAP donne de nombreux exemples d’accompagnement de la vulnérabilité, dont l’un d’entre eux datant d’un million et demi d’années.

 

Les conditions de la coopération pour Stéphane Bohler.

 

Dans un de ses livres, le neuroscientifique  Sébastien Bohler décrit un grand nombre d’expériences qui ont été faites sur la capacité des humains à coopérer et sur les conditions de cette coopération, notamment le rôle des visions du monde. Les personnes qui voient le monde de la même façon, notamment lorsque les valeurs morales sont partagées, réduisent fortement l’activité de leurs cortex cingulaires: leur violation, à l’inverse active fortement ce même cortex, y compris pour soi-même. Les valeurs morales sont la formule magique pour la régulation du comportement d’autrui et elles constituent, en tant que tel, un puissant facteur d’apaisement du cortex cingulaire qui cherche à se repérer parmi ses semblables. Grâce à elle, cette partie de notre cerveau a trouvé un moyen de contrôler l’autre, cet être si imprévisible, par nature opaque et incertain. Elle le fait littéralement par l’application de normes auxquelles les individus adhèrent à la fois, intellectuellement, émotionnellement et viscéralement et qui contraignent fortement la forme de leurs agissements.

 

Soumission à l’autorité: danger pour Stanley Milgram!

 

L’éducation et la manière de considérer l’autre sans esprit de domination semblent primordiaux et pourtant l’expérience de Stanley Milgram démontre qu’il y avait une forte majorité d’humain qui serait prête à faire souffrir par soumission à l’autorité. Cette expérience sur la soumission à l’autorité, met en lumière la difficulté des personnes soumises à cette autorité et se sentant obligées de maltraiter leurs semblables. On pourrait croire que le sens moral a disparu, mais il a, en fait, radicalement changé d’objectif : l’intéressé ne porte plus de jugement de valeur sur ses actions ; ce qui le préoccupe désormais, c’est de se montrer compétent et digne de ce que l’autorité attend de lui. Le langage courant fournit de nombreux termes valorisants pour désigner cette attitude : loyauté, devoir, discipline. Ce qui est inquiétant est notre capacité limitée à résister à l’autorité et à contrôler les facteurs de notre environnement. Dans l’expérience de Milgram, en faisant baisser le niveau de légitimité de cette autorité, le niveau d’obéissance dégringole, lui aussi. Cela explique les énormes moyens déployés par les détenteurs de l’autorité au cours de l’histoire pour la conserver et la légitimer, nos contemporains n’y échappant évidemment pas. Actuellement les détenteurs du pouvoir économique concentrent les médias et détournent ainsi la colère des citoyens vers des boucs-émissaires.

 

Éviter le mépris déshumanisant pour Jacques Lecomte!

 

Dans son livre « La bonté humaine », Jacques Lecomte révèle que la violence et l’égoïsme existent, mais ils ne correspondent pas aux aspirations profondes de l’être humain et que les satisfactions qu’ils peuvent éventuellement procurer ne sont que de fragiles faux semblants. La seule différence entre altruistes et non-altruistes réside dans le fait que les premiers ont une vision du monde où nous sommes tous reliés les uns aux autres par une humanité partagée. Penser ainsi les conduit à considérer que toute personne mérite d’être traitée avec respect et dignité et d’éviter tout mépris déshumanisant.

Pour le cerveau, mon proche est moi-même. 

 

Des chercheurs, de l’équipe de Tania Singer de l’université de Zurich, démontrent qu’en cas d’administration de chocs électriques, au cours d’une expérimentation, le cerveau se comporte différemment lorsque le choc est dirigé vers une personne étrangère que lorsqu’il est dirigé vers soi ou vers une personne familière. Lorsqu’il est dirigé vers une personne familière, la réponse du cerveau est à ce point similaire que lorsqu’il est dirigé vers soi, qu’il est difficile de distinguer qui reçoit le choc en regardant simplement l’IRM fonctionnel : c’est vrai pour les régions impliquées dans la détection de menaces, mais c’est aussi vrai pour les régions associées à la formation d’une représentation neuronale de soi et à la cartographie de la représentation du corps. La personne qui nous est devenue familière et à laquelle nous nous sommes attachés, devient alors cartographiée dans notre représentation du soi . Le cerveau lit donc la présence d’autres personnes comme la disponibilité d’une ressource bioénergétique supplémentaire, exactement comme si cela lui donnait la capacité à se multiplier. Il est vite devenu évident, dans notre évolution, que c’est une manière beaucoup plus efficace d’accomplir des choses, de faire face aux menaces et d’assurer notre survie que de s’y prendre seul, tout simplement parce que nous devrons dépenser moins de notre propre énergie si nous sommes en groupe.

 

La neuro-imagerie montre que la compétition nous transforme en sadique. 

 

L’imagerie cérébrale permet aussi d’observer qu’en cas de souffrance d’autrui, les zones de la douleur du cerveau de l’observateur sont activées, sauf si nous ne ressentons pas d’empathie pour l’être souffrant. En cas de compétition, l’empathie est inhibée et ce sont, au contraire les zones de la récompense qui sont activées lorsqu’il arrive malheur à notre concurrent, donc un petit plaisir sadique pour les personnes que nous ne considérons plus comme nos semblables. Une expérimentation de l’équipe de la neurologue, Tania Singer, de l’université de Zurich, sur des supporters de football, montre que lorsque des chocs électriques sont administrés, suivant que les personnes portent le maillot de sa propre équipe ou un maillot d’une équipe adverse, l’empathie est visible en neuro-imagerie  pour les membres de son équipe, alors que le circuit du plaisir s’active lorsqu’un membre de l’équipe concurrente souffre. En temps de guerre y compris en temps de guerre économique, il y a, comme l’explique le sociologue Vincent De Gaulejac, inversion des valeurs, la coopération est bannie et les qualités liées à la compétition sont requises. La compétition économique sans régulation que nous vivons aujourd’hui est donc intrinsèquement dangereuse pour l’équilibre de nos sociétés car tous les humains deviennent nos potentiels concurrents. Nous avons, hélas, déjà constaté que cette tendance psychopathique peut aller loin, jusqu’à l’horreur des camps de concentration.

 

Le capitalisme désagrège notre humanité pour Dany-Robert Dufour

 

Pour Dany-Robert Dufour, la compétition est une guerre généralisée de chacun contre chacun depuis que les pulsions ne sont plus freinées par une instance régulatrice, les vices, comme l’avidité, ruinent les liens humains. Il cite le livre « La Grande Transformation » de Karl Polanyi, pour qui, il y avait un encastrement avant le marché, par la religion, la morale, la loi, les façons de fonctionner des communautés qui émettaient les limites, mais le marché s’autonomise et devient totalement imperméable à ce qui n’est pas sa propre logique. Il cite les trois valeurs principales qui sont l’argent, le travail et la terre, sur lesquelles s’appuyaient les humains et qui sont transformées, par le capitalisme, et, aujourd’hui, sa nouvelle appellation, le néo-libéralisme, en marchandises fictives. Ces marchandises sont perverties pour pouvoir acheter et vendre le travail, pour exploiter la terre de façon radicale, pour qu’on puisse vendre et acheter de l’argent, alors qu’il n’était qu’un équivalent général permettant l’échange, auparavant. Toute l’organisation de la société nous pousse à l’égoïsme et à la compétition, ceux qui n’y participent pas étant considérés comme des naïfs ou des utopistes. Cela déshumanise de plus en plus les relations et la vision de la société exclusivement individualiste de Margaret Thatcher devient prophétie autoréalisatrice. Cette déshumanisation des relations provoque des réactions de volonté de ré-encastrer le marché en remobilisant l’état, comme un mouvement de protection de certaines classes sociales, à travers une forme autoritaire qui conduit, pour Karl Polyani,  au nazisme et à la guerre.

L’argent nous transforme:

Dans Pouvoir et Progrès, Daron Acemoglu et Simon Johnson cite l‘expérience du psychologue social Dacher Keltner qui met en lumière le fait que, plus les gens deviennent puissants, plus ils sont susceptibles d’agir de manière égoïste et d’ignorer les conséquences de leurs actes sur les autres. Par exemple, les voitures les plus chères traversent les carrefours avant leur tour, coupant la route à d’autres véhicules et coupant également la route aux piétons tandis que les propriétaires de voitures les moins chères ne le font pratiquement jamais.

De même, le psychologue social et son équipe ont constaté que les personnes les plus riches et de statut social plus élevés étaient plus susceptibles de tricher, en prenant ou en revendiquant quelque chose de manière injustifiée. Les riches étaient également plus enclins à faire preuve d’avidité. Cela ne se vérifiait pas seulement par leurs déclarations mais aussi par des expériences, dans lesquelles les chercheurs pouvaient vérifier si les sujets trichaient ou adoptaient d’autres comportements contraires à l’éthique. Plus étonnant encore, les chercheurs ont découvert que la tricherie pouvait être déclenchée en laboratoire, simplement en donnant au sujet l’impression d’avoir un statut plus élevé, par exemple, en les encourageant à se comparer à des personnes moins fortunées. Cela pourrait être lié à l’auto-persuasion : les riches et les puissants se persuadant qu’ils ne font que s’approprier ce qui leur revient de droit, voire qu’il n’est pas interdit d’être cupide. Vous avez tendance à vous convaincre vous-même que vous avez raison et vous devenez moins sensible aux souhaits aux intérêts et aux difficultés des autres. 

 

 L’humanité psychopathe pour Stéphane Bohler

 

Sébastien Bohler a aussi écrit »Human Psycho ». « Comment l’humanité est devenue l‘espèce la plus dangereuse de la planète » Homo sapiens se comporte à l’égard de la planète et de toutes les formes de vie qui l’habitent avec une totale absence de compassion. Il ne parle pas des individus, mais de l’humanité collective, considérée comme une entité, qui jamais ne refrène ses actions, lorsque celles-ci se traduisent par une souffrance pour les autres espèces. Cette entité est un être à l’ego démesuré, obsédé par la manipulation, dénué d’empathie et totalement impulsif. En résumé, sur le plan clinique, il s’agit du portrait d’un psychopathe. L’humanité est privée d’un organe vital de la socialisation dans le cerveau, chez les humains: c’est le cortex orbito-frontal. Le rôle du de ce cortex orbito-frontal, dans cet apprentissage social est central car, dès la petite enfance, nous intégrons une foule de données sur ce qu’il est bon ou mauvais de faire en société. Si cet enfant est incapable de le faire, les conséquences sont désastreuses car il grandit sans comprendre, à un niveau émotionnel, ce qui est considéré comme bon ou mauvais et cette panne se traduit par une ignorance morale, accompagnée d’une absence de culpabilité. La base de la morale est, pour le philosophe allemand, Emmanuel Kant, le fait de considérer autrui comme une fin et non comme un moyen. L’ignorance morale est à l’inverse la tendance à agir en considérant autrui comme un moyen ainsi agit précisément le psychopathe ou, souvent, l’actionnaire!

 

L’élitisme provoque le racisme et la montée aux extrêmes. 

 

Pour le philosophe Gilbert Simondon, la technique est le meilleur moyen de lutter contre l’entropie, à savoir ici le désordre généré par notre système productif, en le rendant plus efficient, à la condition de se départir de l’idée de puissance. Cette volonté de puissance et donc de compétition, car c’est elle qui engendre le besoin d’être plus puissant que le concurrent, amène de la peur, de l’angoisse, de la frustration, des sentiments d’irrespect et de colère. Nous nous mettons alors à choisir des représentants porteurs de cette colère et tout notre système devient instable. Nous nous retrouvons actuellement au sein d’une société coupée en trois parties, l’une d’elle est constituée de personnes ayant comme priorité de valeurs l’hédonisme, le pouvoir et la réussite, en bref, l’affirmation de soi, qui souhaitent que « tout bouge pour que rien ne bouge ». Une seconde partie constituée de personnes dont les priorités sont la sécurité, le pouvoir et la tradition qui sont des valeurs liées à l’anxiété. Elles souhaitent revenir à un passé protecteur. Un troisième groupe, attaché à la bienveillance et à l’universalisme, bref au dépassement de soi pour retrouver une société écologique et sociale. Le second groupe grossit de l’anxiété provoqué par les décisions du premier groupe de l’affirmation de soi, qui ne tiennent pas compte des conséquences de leurs actes pour les autres. L’élitisme et l’égoïsme des premiers provoquent, par un mécanisme de protection, le racisme des seconds ; pour les deux groupes, il s’agit de sélection liée à la compétition sexuelle mais avec des critères différents et cela peut conduire à la montée aux extrêmes, y compris violents, comme le théorisait René Girard.

 

Valeurs contre valeurs par Christine Châtaignier

 

Christine Châtaigné affirme dans ‘Psychologie des valeurs’ que nos comportements sont sous-tendus par des valeurs que nous activons. Jusqu’à présent, les valeurs liées à l’affirmation de soi, au pouvoir et à la domination étaient prépondérantes, valeurs à l’opposé de l’universalisme, de la tolérance et de l’attention à l’autre sur la roue de Shalom Schwartz, qu’il appelle Circumplex. Ces valeurs évoluent rapidement et de nouveaux comportements commencent à s’affirmer en lien avec un nouvel universalisme. D’autres valeurs liées à l’évitement de l’anxiété et à la protection de soi comme le pouvoir sur les ressources, la domination, la sécurité personnelle et celle de la société peuvent aussi devenir dominantes et créer un antagonisme délétère. Elles provoquent paradoxalement plus d’anxiété, anxiété qui se fait alors scénariste de notre imagination et nous conduit à prendre au sérieux des personnages qui amplifient nos peurs, notre méfiance de l’autre en exagérant nos différences et en euphémisant nos points de concorde.

 

La compétition entraîne une irrationalité collective par Gérald Bronner.

 

Dans la démocratie des crédules, Gérald Bronner affirme que le terrible problème que pose le succès du néo-populisme est la fragmentation de l’intérêt commun en intérêts particuliers. Or, la défense d’intérêts personnels n’aboutit pas toujours à un bien commun, comme le montre la théorie des jeux et notamment le célèbre dilemme du prisonnier. Ce dilemme constitue la matrice de toutes les situations où il existe un choix optimal mais où les acteurs, parce qu’ils ne peuvent se coordonner et agissent en défendant leur intérêt individuel, aboutissent à une forme d’irrationalité collective. De telles situations ne peuvent être résolues que par le truchement d’instances de décision dont l’ingénierie permet de contourner l’expression aveugle de l’intérêt individuel. Ce n’est pas que ces instances n’existent pas dans le monde contemporain mais elles n’ont pas de réels pouvoirs, peinent à se faire entendre ou ne sont pas gérées rationnellement, précisément parce qu’elles sont le terrain de bataille d’intérêts nationaux.

 

Le pouvoir renforce le sexe pour Stéphane Bohler.

 

Sébastien Bohler explique que des neuroscientifiques ont découvert que le pouvoir renforce littéralement le striatum, la partie du cerveau sensible au plaisir sexuel. L’avidité pour le prestige, les situations sociales conférant des privilèges sont une mécanique obstinée qui menace aujourd’hui de nous asphyxier, non seulement en polluant les rapports entre les sexes, mais aussi en créant des dégâts profonds sur nos modes de vie et sur notre environnement. La comparaison sociale, logiciel par défaut qui équipe tous nos cerveaux, crée un conditionnement. Ainsi toute notre société repose sur une foule d’indices révélant le statut social. Pour nous sentir dominant, nous ne nous préoccupons pas de savoir si cela aura un impact négatif sur le monde dans lequel nous vivons. Des chercheurs se sont aperçus que, plus le statut social d’un individu était élevé, plus son cerveau contenait de récepteurs de la dopamine, c’est à dire que les individus les plus influents et les plus prestigieux avaient des striatums plus « musclés ».

 

Sélection des leaders et comparaison sociale par Sébastien Bohler

 

Pour Sébastien Bohler, le fait, par exemple, de voir gagner un individu dans une compétition entraîne une stimulation positive pour le cerveau, car savoir repérer avec acuité et fiabilité les leaders de bande a probablement été une condition de survie dans notre passé évolutif. Ce sont les mêmes parties ventrales du striatum qui entrent en action lorsque nous améliorons notre rang social par une victoire, et lorsque nous voyons un tiers dominer ses semblables. Nous passons notre temps à nous situer par rapport aux autres. Les psychologues appellent ce phénomène la comparaison sociale. La comparaison sociale est un ressort puissant de nos comportements car les personnes aiguillonnées par une forte comparaison sociale, toujours sur le qui-vive, jamais contentes peuvent passer leur vie à vouloir s’élever dans la société. De fait, elles auront accès à plus de biens matériels, de pouvoir et de sexe que les autres. Par le passé un individu de notre espèce n’avait aucune chance de survivre plus de quelques heures s’il était seul. En revanche, le même individu, inséré dans un groupe, pourra survivre pendant des années à condition de coopérer, de pouvoir aider ceux qui en ont besoin, d’être aidé par ceux qui le peuvent et de synchroniser ses actions avec celles de ses semblables. Cela suppose des qualités cognitives particulières car il faut s’organiser à plusieurs et coordonner les actions. Un chasseur du paléolithique, par exemple, ne doit pas se tromper à propos de ses compagnons de chasse et avoir foi en leur loyauté et leur fiabilité, être confiant dans leurs réactions, si la situation se gâte: un regard qui se croise permet de comprendre rapidement s’il a besoin d’aide, il doit pouvoir faire des prédictions sur leurs actions de façon très calibrée et même sur leurs pensées , il doit enfin se convaincre que ce sont des gens qui n’hésiteront pas à mettre leur vie en péril pour lui et pour le groupe.

 

Sélection sexuelle et volonté de puissance. 

 

Il n’y a, à ma connaissance, pas de traces de conflits organisés avant le néolithique, et logiquement, pas ou peu de compétition qui les déclenche.

Je reviens à mon hypothèse du début d’article qui consiste à penser que depuis la découverte du lien de paternité et l’apparition de la sélection sexuelle qui entraîne compétition entre humains, une partie du cerveau qui servait à une autre utilisation, auparavant, à l’ exemple de l’apprentissage de l’écriture, s’est adaptée à la comparaison sociale et à la compétition qu’elle engendre.

Avant la découverte du lien de paternité, la compétition et le manque d’empathie étaient réservés aux animaux dangereux chassés ou aux prédateurs dangereux, car hésiter à leur faire du mal,  face a à eux, pouvait s’avérer accidentogène, voire mortel. Ce comportement agressif était absent des interrelations humaines jusqu’au basculement provoqué par la découverte de ce lien de paternité et la compétition intra et intersexuelle qu’il a provoqué.

 

La sobriété en remplacement des comportements hypertéliques. 

 

Nous nous servons de compétences acquises à la période coopérative précédente pour nous adapter. Ceci à parfois des conséquences délétères, comme la soumission à l’autorité et la conformité au groupe ou la capacité à choisir la personne paraissant la plus rassurante. Dans une situation de défense face à des prédateurs dangereux ou en situation de chasse « aux gros », ces compétences étaient indispensables et n’entrainaient pas de conséquences négatives car il n’existait pas de comparaisons sociales et donc, de querelles d’égos ou de personnes déséquilibrées, avides de pouvoir. Les personnes les plus compétentes et les plus expérimentées pour une activité coordonnaient et organisaient naturellement ces actions, mais d’autres organisaient les actions d’autres domaines sans qu’une hiérarchie, avide de pouvoir sur autrui, ne se cristallise. Ce qui a servi à la survie de l’espèce se retourne aujourd’hui contre notre civilisation et ce fonctionnement est bien attesté par les neurosciences. Nous sommes donc confrontés à un dilemme , soit nous poursuivons dans la même direction, c’est à dire que, par notre avidité à nous démarquer pour séduire qui entraîne le bouleversement climatique ou encore par notre volonté d’impressionner les adversaires potentiels qui entraine la conflictualité, soit nous prenons conscience de notre comportement toxique, en sélectionnant toutes les formes de sobriété et en rejetant nos comportements hypertéliques

Découvrez la fiction: Le péché originel éclairé par Darwin.

Comment une découverte a bouleversé la société. Nous n’en avons pas encore compris les ressorts. Et la faute est toujours imputée à Eve. Pourtant, le seul coupable est l »évolution!